À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Herménégilde Fleurbleue peut enfin s’acheter la chronomobile de marque Taïmismoney qui lui permettra d’aller retrouver sa petite amie émigrée avec ses parents au dix-neuvième siècle. Maintenant que cette merveilleuse création est à la portée de tous, les tracas administratifs se révèlent innombrables pour les nouveaux conducteurs : il faut bien protéger le passé d’un vandalisme inconsidéré aux conséquences aussi désastreuses qu’imprévisibles.
Après les avoir décrites à son jeune client, le vendeur invite Herménégilde à aller faire régulariser sa situation auprès de la R.A.P.T., la Régie d’Assurance Paradoxe Temporel. Comme toute démarche administrative digne de ce nom, ce sera long et complexe. Le voyage, par contre, sera court : le « joint d’étanchéité des verbes défectifs » brûle et c’est la panne à Paname à la fin du vingtième siècle dans le présent du conditionnel.
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Commentaires
La fin est un peu rapide ; les préliminaires du voyage étaient si prometteurs ! Et puis, dira encore le lecteur, le thème des voyages dans le temps est totalement éculé ! Parfaitement exact, semble confirmer l’auteur. Avec humour et finesse, Nando Michaud nous montre en effet l’exploration du passé comme un fait quotidien, voire banal, pour pouvoir en dire autre chose. Pas quelque chose de sérieux, non, pas une grave réflexion sur l’éthique de la préservation du passé, par exemple. Mais dans un texte léger et enlevé, une satire qu’on lit avec énormément de plaisir, l’auteur, avec une logique sans faille, tire toutes les conséquences possibles du voyage de masse à travers les siècles.
Le vendeur de chronomobiles va rendre visite à sa défunte mère tous les dimanches et déconseille l’utilisation de l’Accélérateur Proust, trop coûteux à cause de la fabrication artisanale des madeleines. Par souci d’économie, on fait ses achats dans le passé. Sans la vigilance et les remises en ordre des gardiens de la paix temporelle, explique encore le vendeur, les Green machin auraient permis aux dinosaures d’encombrer les autoroutes du présent, et un thésard écervelé aurait fait lire à Archimède le catalogue de Canadian Tire avec les conséquences désastreuses que l’on peut imaginer. J’en passe, et des meilleures.
On aurait aimé que cet excellent texte, surtout à la fin, soit plus fouillé ou, tout simplement, dure encore quelques pages. C’est peut-être de la gourmandise ! Ajoutons enfin que les deux illustrations de Louis Paquet, avec leur style surréaliste et la maîtrise dont elles témoignent, sont tout à fait remarquables. Le dessinateur et l’écrivain : des artistes à suivre… dans l’avenir ! [HC]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 138-139.