À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Ben et Sandra ont accès désormais à un système de réalité virtuelle, le Dreamaworld, qui est intégré à leur nouvel appartement. Après quelques hésitations, Ben se laisse convaincre de l’utiliser. Il choisit un monde de type Renaissance dans lequel il est roi et il profite de l’occasion pour s’envoyer en l’air avec ses servantes. Curieux de connaître de quelle façon son épouse utilise le Dreamaworld, il s’introduit dans sa programmation. La jalousie le ronge quand il se fait violer par trois satyres. Mais une note laissée par son épouse l’informe que le Dreamaworld est défectueux et qu’il faut refaire la programmation.
Commentaires
L’arrière-plan social de cette nouvelle est intéressant. Le lecteur devine un monde futur proche dans lequel a triomphé le matérialisme – certains diront que c’est déjà fait –, où tout fonctionne à contrat, même le mariage. L’aspect technique de l’histoire est inexistant. Jacques Daniel ne nous donne pas la moindre idée de la façon dont fonctionne le Dreamaworld. Ce qui l’intéresse avant tout, ce sont les réactions psychologiques de ses personnages. Ce Ben, par exemple, qui, quoiqu’il couche avec des femmes virtuelles, éprouve de la jalousie à l’idée que sa douce moitié puisse elle aussi s’« amuser » de même. À ce niveau cependant, il faut avouer que la nouvelle fait un peu roman-savon.
Ce texte n’est pas désagréable à lire, mais il n’y a pas non plus de quoi grimper aux rideaux. Les situations, les personnages ainsi que leurs fantasmes virtuels ne sont pas d’une grande originalité ou d’une grande profondeur. Disons que c’est quand même acceptable dans le cadre d’un texte de premier niveau dans lequel l’auteur n’a d’autre ambition que d’ironiser un peu gratuitement.
On se doit cependant d’ajouter que « A Room of Her Own » est très moderne dans sa représentation de l’héroïne qui s’en tire avec tous les honneurs alors que Ben se fait avoir jusqu’au trognon. Il est une véritable limace rampante devant sa femme. Ce genre de stéréotype sexiste est malheureusement très populaire dans la littérature actuelle, au point qu’il influence même les auteurs masculins qui semblent endosser ces poncifs sans discussion. [DJ]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 58.