À propos de cette édition

Éditeur
Vents d'Ouest
Titre et numéro de la collection
Azimuts
Genre
Fantastique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
264
Lieu
Hull
Année de parution
1997
ISBN
9782921603539
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Haïti, 1976. Nadeige Dolcé est une mambô, une prêtresse vaudou, de Cap-Haïtien. Son fils Frank, journaliste, croupit depuis trois ans dans la prison du Cap, arrêté pour avoir osé dénoncer la corruption du régime dans ses articles. Nadeige n’ose se résoudre à libérer son fils par son talent magique, car cela la contraindrait à faire appel aux forces du mal.

Frank, dans sa jeunesse, a aimé, de loin, la ravissante Gabriella Messidor. La jeune femme est actuellement la cible d’attentats, mais elle ignore qui donc en veut à sa vie. En fait, c’est Rita, la nouvelle femme de son père qui s’est déjà débarrassée de son frère, Gabriel, et qui maintenant veut éliminer Gabriella, qu’elle jalouse et déteste. Elle a donc fait appel au commandant Hervé Jean-Bart, militaire corrompu qui s’est voué au loa Papa Linglessou.

Faisant d’une pierre deux coups, Jean-Bart vend les organes des hommes qu’il élimine à la Fondation Badinxter, complexe hospitalier privé où de riches Américains viennent retrouver une deuxième jeunesse, sans poser de questions sur la provenance de leurs nouveaux viscères…

Mais un jour, l’attente de Nadeige prend fin ; le moment est venu d’agir. Au cours d’une cérémonie vaudou, elle est possédée par Erzulie Fréda et implore le loa malfaisant Ogou Badagri de libérer son fils et de la venger de Jean-Bart.

Tout de suite après la cérémonie, Frank réussit à s’évader, ayant maîtrisé son geôlier. Fuyant les militaires qui le poursuivent, Frank se réfugie dans une maison prise au hasard… qui se trouve être celle de Gabriella. Le destin les a réunis, car elle aussi l’avait toujours aimé.

Jean-Bart, le Dr Schultz (un des escrocs de la Fondation), puis Badinxter lui-même périront par magie. Rita, quant à elle, sera tuée par le père Messidor quand ce dernier, guidé par les conseils de Nadeige, lui arrache l’aveu qu’elle a fait assassiner son fils Gabriel.

Nadeige, d’abord soulagée par sa vengeance, est vite consternée par la violence qui a découlé de ses actes. Elle décide de s’exiler en République dominicaine ; elle ne reverra son fils que fugitivement, de loin. Maintenant qu’il est libre et heureux, sa tâche est accomplie : la mambô doit s’en aller.

Commentaires

Au cinéma, une action qui dure une seconde est décomposée en vingt-quatre images fixes qui, lorsqu’elles sont projetées au même rythme, créent l’illusion d’un mouvement continu. Mais si on filme à seulement six images par seconde, le résultat paraît paradoxalement à la fois trop lent et trop rapide. Trop lent, parce que chaque image dure assez longtemps pour qu’on la perçoive comme figée ; trop rapide, parce que les transitions abruptes amplifient le sentiment de discontinuité.

Un phénomène semblable se produit à la lecture de ce roman. L’écriture de Romel Chery s’attarde sur une description pendant plusieurs phrases ; les redites sont abondantes ; les métaphores sont parfois poussées trop loin. Parallèlement, il y a des transitions qui manquent ; rien de fatal, mais juste assez pour faire tiquer le lecteur, encore et encore. Les émotions des personnages, en particulier, changent presque toujours abruptement, comme actionnées par un interrupteur.

Côté intrigue, le livre ne compte essentiellement aucune péripétie. Pourtant, la quatrième de couverture nous promettait un duel magique entre Jean-Bart et Nadeige ; hélas, il n’en est rien. Quand la vengeance de Nadeige l’atteint, Jean-Bart essaie de lutter, échoue puis meurt. Beau duel ! Peut-être suis-je affecté par mes lectures fantastiques : pour moi, il était évident que je verrais s’accomplir la vengeance surnaturelle de Nadeige, et j’ai déjà lu bien des histoires de malédiction. Je m’attendais donc à plus de complexité dans l’intrigue. Les morts successives, inéluctables, de Jean-Bart et de ses associés m’ont laissé plutôt tiède.

Le livre faiblit d’ailleurs vers la fin : la mort de l’ignoble Badinxter commence à verser dans le ridicule, et toute cette histoire de clinique d’organes, de recherches génétiques (d’ailleurs anachroniques : en 1976, la technologie du séquençage chromosomique n’en était pas rendue là) et de secret de la poudre zombifère me paraît mal intégrée au reste.

Je m’en voudrais toutefois de donner l’impression que L’Adieu aux étoiles est un mauvais livre. C’est un honnête roman ; par moments, il est poignant, comme dans les monologues de Jean-Bart et de Frank ; sauf que je m’attendais à beaucoup plus. J’imaginais une œuvre intensément colorée, exotique, audacieuse, enfiévrée – et considérant la situation de départ, elle aurait pu l’être. Mais la narration manque trop de force pour que j’aie pu embarquer. Haïti nous est montrée dans ce livre, mais ce n’est que par bouffées fugitives que j’ai eu l’impression d’y être. Les cérémonies vaudou sont décrites avec force détails fascinants, mais j’ai lu des descriptions bien plus intenses (quoique moins bien documentées) ailleurs : la connaissance d’un sujet ou la plénitude des descriptions ne remplacent pas l’art de raconter.

Je souhaite donc que Romel Chery persévère et puisse nous offrir un jour un roman à la mesure de son ambition.  [YM]

  • Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 67-69.

Références

  • Campion, Blandine, Le Devoir, 06/07-12-1997, p. D 4.