À propos de cette édition

Éditeur
L'instant même
Genre
Science-fiction
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
L'Air libre
Pagination
111-112
Lieu
Québec
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Au-dessus d’une table de travail, deux mots : L’air libre. N’en doutons pas, messieurs, nous sommes en présence d’un dangereux agitateur !

Commentaires

Cette courte nouvelle prête son titre au recueil et, d’emblée, apparaît comme tout à fait caractéristique de l’ensemble. En moins de deux pages, en s’attardant à la description du menu, du banal, du quotidien, l’auteur recrée un univers autre, un peu à la façon d’un Bertrand Bergeron impres­sionniste, surtout comme un minimaliste de la nouvelle.

Beaumier, c’est l’art de redonner du sens au quotidien, à ces actions, ces lieux, ces relations qui viennent à disparaître de notre champ de perception tant ils sont banals. Par d’habiles manœuvres d’encerclement, spiralant du détail à la vision plus englobante, l’auteur recrée minutieusement une per­ception renouvelée de la réalité.

Cette façon de faire, si elle demande beaucoup au lecteur, l’amène inexorablement à la lisière des genres. Beaumier, chantre fantastique ou hyperréaliste ? Tout est question d’interprétation, bien sûr, de définition des genres, etc. Dans « L’Air libre », tout comme dans les deux autres nouvelles que nous avons incluses ici, l’auteur penche plus nettement d’un côté de la lisière si floue ou les genres s’interpénètrent inextricablement. Toujours dans la spirale des impressions révélées, le lecteur découvre progressivement une société au totalitarisme aberrant, inconnu actuelle­ment. On pense dans les toutes dernières lignes au 1984 d’Orwell, en imaginant la fonction du narrateur, sorte de policier de l’orthodoxie de la pensée.

Pour ceux qui n’ont pas le courage d’aborder une écriture difficile, exigeante, voici deux pages exemplaires de la manière. Si vous aimez, achetez le recueil, vous ne serez pas déçu. Si vous détestez – ou ne comprenez rien ! –, remettez doucement le livre à sa place : le biblio­thécaire ne vous en voudra pas d’avoir lu ces deux pages sur le bras ! [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 22.