À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
À la suite du torpillage de deux de ses aérosubs par des sous-marins d’essais nucléaires russes, l’équipe d’Unipax doit organiser une opération d’urgence. En effet, les attaques ont eu lieu dans le secteur de la substation « C », située dans le Pacifique, et il est très probable que les assaillants reviennent dans les parages. Or, comme la meilleure arme d’Unipax est le mystère qui l’entoure, il ne faut absolument pas que la substation soit découverte. Il importe également de mettre hors d’état de nuire les nouveaux sous-marins russes, qui constituent une menace importante pour la paix relative qui s’est établie dans le monde et qui représentent un défi sérieux à la suprématie technique de la flotte d’Unipax. Pour mettre fin au péril, Pierre Servax, directeur général de la Société, propose une opération qui se divise en trois étapes : utiliser la substation « C » comme appât pour neutraliser les sous-marins en maraude, détruire l’endroit qui leur sert de base, déménager la substation dans un endroit plus sécuritaire. Il s’agit toutefois là de la plus difficile et audacieuse mission de l’histoire d’Unipax et le moindre faux pas pourrait tout compromettre…
Commentaires
À une époque où la guerre du Vietnam fait rage et où le monde assiste à la course à l’armement nucléaire entre les États-Unis et l’Union soviétique, Maurice Gagnon apporte, avec la série Unipax, l’image d’une science qui n’est pas destructrice, mais plutôt constructive, apte à construire le monde désiré et meilleur. Le sixième tome de la série (qui en comporte huit, soit dit en passant) ne fait pas exception. Par exemple, au lieu de couler les sous-marins russes qui se rendent en reconnaissance dans le secteur où ils ont torpillé les aérosubs, les gens d’Unipax font exploser sous ces sous-marins des missiles spéciaux qui paralysent les machines et dont les déflagrations combinées produisent une poussée vers la surface. Ils n’ont plus qu’à y cueillir l’équipage, sans qu’il y ait perte de vie humaine. Et pour que les officiers des sous-marins dévoilent où se trouve leur base secrète, on ne les torture pas, mais on leur fait respirer un gaz qui leur délie la langue et supprime la mémoire des événements qu’ils sont en train de vivre. De cette façon, l’existence de la Société reste cachée. On détruit ensuite la base russe, mais non sans avoir d’abord endormi ses occupants (au moyen de projectiles de cristal contenant un gaz paralysant) et les avoir transportés ailleurs.
La science dont nous parle Maurice Gagnon est donc foncièrement positive, mais, il est important de le noter, on ne tombe jamais dans le niais, dans le « cucul ». Cette caractéristique, combinée au fait que la série apporte un certain vent de fraîcheur à une époque où on se sert de la science pour développer des armes de destruction, explique sans doute en grande partie le succès d’Unipax auprès des adolescents. Mentionnons également qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu les tomes précédents de la série pour comprendre ou apprécier Alerte dans le Pacifique, car chaque tome boucle son propre schéma narratif et l’auteur donne suffisamment d’explications pour que le nouveau lecteur ne soit pas perdu dans l’univers d’Unipax. Cela aussi est important lorsque l’on s’adresse à un jeune lectorat.
Il serait cependant faux de prétendre que le sixième épisode d’Unipax est exempt de maladresses. On y retrouve un peu partout des traces de présentocentrisme (les États-Unis et la Russie, par exemple, sont les grandes puissances de la planète, même après quatre guerres mondiales, et ils continuent d’entretenir entre eux une certaine rivalité) et les fautes sont nombreuses. Maurice Gagnon écrit relativement bien, son style est simple et clair, ses descriptions sont vivantes, mais un travail supplémentaire aurait pu – aurait dû – être effectué au plan de la grammaire et de l’orthographe. Et que font là tous ces points de suspension ? L’auteur en fait une utilisation franchement abusive, ce qui a pour conséquence de les rendre invisibles, on ne les remarque plus aux moments essentiels. Dérangeant, certes, mais soyons juste : Alerte dans le Pacifique constitue, malgré ces réserves, un bon divertissement et après l’avoir lu, on a envie de lire les autres aventures de la série. Maurice Gagnon possédait décidément la recette pour accrocher ses lecteurs… [SN]
- Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 84-86.
Références
- Lortie, Alain, Requiem 17, p. 6-7.