À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Sylvain Gareau, un adolescent québécois, quitte la « vieille province » pour rejoindre ses parents, deux exo-écologistes, sur la planète Nou-Québec, qui jouit d’un climat comparable à celui du Saguenay et fut colonisée par quatre cent mille Québécois de la Terre. Arrivé seul à Saguenal, un petit village isolé et quelque peu primitif, Sylvain apprend que ses parents ont fait naufrage et sont présumés morts. Recueilli par le maire Adrian Lepage, il découvre, aidé par Paladia Lepage, sa fille, un complot qui implique le maire et un haut fonctionnaire en visite, Réal Campeau, l’adjoint du ministre de l’Environnement. Les « néo-saumons », artificiellement adaptés à la planète, sont contaminés par des métaux lourds, révélant des opérations d’extraction illégales et clandestines.
Après une tentative de meurtre et une poursuite en motoneige où il frôle la mort, Sylvain découvre la mine clandestine, dénonce le maire et le fonctionnaire corrompus, puis retrouve ses parents. La famille réunie envisage de prolonger son séjour sur Nou-Québec.
Commentaires
Premier roman jeunesse voué à une longue postérité, ce texte encore un peu naïf laisse entrevoir ce que sera le space opera très structuré de Jean-Louis Trudel. L’auteur ne s’appesantit ni sur les trouvailles technologiques ni sur la psychologie des personnages, pas davantage sur les descriptions, et consacre toute son attention aux péripéties. On peut trouver les personnages un peu schématiques, mais le récit ne s’en porte pas plus mal, le style efficace et concis menant le lecteur là où il doit aller. Cela repose des bavardages languissants et des sirupeuses sensibleries politiquement correctes qui abondent en littérature jeunesse.
Le cadre scientifique n’est ni absurde ni envahissant, les innovations font partie de l’intrigue, on ne s’attarde pas complaisamment sur des éléments qui n’ont pas d’intérêt narratif. La curiosité n’y trouve pas toujours son compte, en ce que l’histoire de la conquête spatiale, les formes de vie indigènes, etc., sont trop brièvement évoquées. L’action se déroule simplement, sans effet cinématographique, et l’on sent que l’auteur a lu davantage qu’il n’a visionné. Le résultat, que d’aucuns trouveront peut-être un peu sec, est efficace et rafraîchissant en ces temps d’obésité littéraire et de prose hyperglycémique.
Les noms de lieux et de personnes sont inspirés de l’onomastique et de la toponymie du Québec, avec quelques variantes ; la société coloniale décrite est homogène et retirée, un peu comme celle de la Nouvelle-France. Certaines lois terriennes sont évoquées, qui font apparaître la société nou-québécoise comme conservatrice et plus libérale tout à la fois. L’impression générale est que le futur décrit ici est relativement crédible, à l’exception de la vitesse supraluminique (nécessaire pour permettre la colonisation de planètes lointaines), et pas très rose. Dans un cadre plus technologique, on trouve les mêmes bassesses que dans les romans réalistes contemporains. On ne peut reprocher à Jean-Louis Trudel de chercher à transmettre une idéologie, ni d’être moralisateur. Ce bref roman d’aventures n’en est que plus digeste. [TS]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 178-179.
Références
- Anctil, Mélissa, imagine… 71, p. 139-140.
- Dupuis, Simon, Lurelu, vol. 17, n˚ 2, p. 24.
- Dupuis, Simon, Solaris 116, p. 39.
- Martel, Julie, Solaris 109, p. 56.
- Martin, Christian, Temps Tôt 32, p. 42-43.