À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Il a stupidement refusé d’accompagner Judith à un bal. Alors il flâne dans la ville, sans but, puis il entre dans un café où la vue de couples attablés lui rappelle sa solitude. Il constate bientôt que les filles qui se lèvent pour aller à la toilette des femmes n’en ressortent pas, qu’elles disparaissent tout bonnement…
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Commentaires
« L’Allongé » est un petit texte charmant sur les difficiles relations hommes-femmes. Bertrand Bergeron, qui aime explorer ce thème depuis des années, le fait ici sur le mode fantastique léger (l’inexplicable disparition/volatilisation des jeunes femmes). Que ce soit en fantastique ou en science-fiction comme dans « L’Autre » et « Le Monde aurait un nom », on sent une frontière qui sépare l’univers masculin de l’univers féminin. Ici, une barrière psychologique, là, un mur, une barrière physique et sociale.
La forme narrative chez Bergeron n’est jamais gratuite. Il utilise dans « L’Allongé » une écriture qui cultive les répétitions autant que les ellipses, les ruptures lourdes de non-dits, traduisant ainsi les difficultés qu’éprouvent les deux sexes à communiquer et à se comprendre. Elle rend compte également de la timidité et du manque d’assurance du narrateur.
Ce travail sur l’écriture se prolonge dans le contenu de la narration alors que le mystère de la disparition des jeunes femmes trouve un écho dans l’appel mystérieux de Judith qui a quelque chose à apprendre au narrateur. La nouvelle se termine sur ces deux mystères irrésolus, formidable métaphore des relations hommes-femmes que le fantastique a permis de filer. Qu’est-ce qui fait que, parfois, ça clique et que, dans d’autres cas, ça ne marche pas ? Alors que tout semblait perdu pour le narrateur, Judith le rappelle et lui fixe un rendez-vous. Allez comprendre quelque chose aux femmes !
« L’Allongé », ce n’est surtout pas un texte étiré ou dilué, c’est plutôt un expresso bien tassé de quatre pages. Bertrand Bergeron a encore une fois réussi à nous séduire par la sagacité de son propos et par l’audace de son écriture. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 19.