À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Venue avec un groupe de touristes, Érika visite Moskova, capitale de l’Amerika. Dans une des stations de métro où ils admirent les sculptures environnantes, la jeune femme demeure sur le quai alors que le groupe s’engouffre dans une rame. Dès que le dernier wagon disparaît, l’éternelle cohue qui l’entoure depuis son arrivée s’évanouit, les lumières s’éteignent, tout devient silencieux. Cherchant à sortir de là – les portes sont cependant barrées –, Érika emprunte le tunnel et découvre d’étranges sous-sols où de non moins étranges personnages s’activent sans rien savoir du monde là-haut. Finalement, lorsqu’elle réussit à retrouver son chemin vers la surface, elle apprend qu’une autre personne a endossé son identité…
Commentaires
« Amerika prise deux ou Moskova », c’est avant tout un arsenal imaginaire redoutable par son éclectisme. Il y a tout d’abord la toile de fond, uchronique à souhait, où l’Union Soviétique, malgré les décors connus de sa capitale – en particulier ses stations de métro –, s’appelle maintenant Amerika. C’est de cette réalité parallèle que la narratrice est projetée jusqu’à un « sous-monde » où s’agitent des personnages mythiques de « notre » réalité – l’auteur des Frères Karamazov, Lénine, Staline… –, et ce grâce à l’un des plus vieux clichés de la littérature fantastique : le passage/tunnel/miroir. Enfin, troisième élément qui s’inscrit directement dans nos préoccupations : Érika, lorsqu’elle tente de réintégrer son univers, découvre qu’elle n’y a plus sa place, un double occupant sa place depuis sa séparation du groupe, un double qui, lui, n’a jamais « quitté » le groupe !
On le voit, il y a ici un mélange assez inusité d’imaginaire science-fictionnel et fantastique qui fait d’« Amerika prise deux… » un texte d’une belle originalité. Malheureusement, il faut avouer que les enchaînements qui auraient dû cimenter entre eux les différents épisodes de ce texte ne sont pas très réussis et que, par ailleurs, l’auteure n’a pas vraiment peaufiné tous ces petits détails – décors pas assez sentis, temporalité déficiente, surabondance inutile de passages en anglais… – qui assureraient au texte la vraisemblance dont il a impérativement besoin puisqu’il vogue en pleine altérité.
Pourtant, malgré son manque de fini, « Amerika prise deux ou Moskova » m’apparaît encore comme un des quelques beaux textes que j’ai lus cette année. Comme quoi la recette de base était étonnante ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 73.