À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Almynthe accompagne une vieille dame de 80 ans à l’épicerie et à la pharmacie. C’est son travail. Au cours de leur sortie, les deux femmes croisent une jeune disciple du Printemps Éternel, sous l’effet d’une drogue puissante qui l’empêche de sentir les effets du froid. Elle mourra, sans doute, si personne n’intervient. Almynthe ne peut malheureusement quitter Lucylle. Peu après, les deux femmes sont attaquées par des hommes qu’Almynthe réussit à neutraliser. Elle reconnaît parmi les agresseurs un ancien ami. C’était du temps où ils luttaient contre la privatisation du mont Royal. Quatre années de vives et de vaines contestations. Gérard avait par la suite été congédié. Personne n’avait jamais voulu le réengager. Après un bref échange, Almynthe et Lucylle poursuivent leur chemin.
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Commentaires
L’intérêt de cette nouvelle de science-fiction ne réside pas tant dans l’intrigue que dans la description que fait l’auteure de la métropole québécoise, victime de bouleversements climatiques, et dans l’atmosphère qui se dégage de ce portrait de société. À cause d’une guerre nucléaire qui a touché le Proche-Orient, Montréal subit les affres d’un froid sibérien les deux tiers de l’année. Michèle Laframboise imagine les conséquences d’une telle réalité dans le quotidien urbain (relations humaines, mentalités, habitudes) en tenant compte des tendances actuelles (vieillissement de la population, privatisation, informatisation des services, etc.). Elle exploite fort bien le potentiel critique de la SF et prend manifestement plaisir à l’invention. Aussi y aura-t-il des capsules absorbantes utilisées pour le déneigement, des montres-thermo indispensables lors des déplacements à l’extérieur, des sacs à dos convertibles en tente pour les sans-abri, etc.
Le froid intense contraint les gens à vivre à l’intérieur, coupés des autres et de la nature. Les verrous sont tirés à double tour, même à l’intérieur de soi. Car comment protéger les âmes de la froidure ? L’isolement et la méfiance semblent avoir pris Montréal en otage. L’écart entre les riches et les pauvres n’a fait que s’accentuer avec le désengagement de l’État. La misère urbaine est omniprésente, comme la violence qui en découle, car le froid rend les conditions de vie/survie difficiles. La souffrance peut se lire partout dans les rues. Même la promenade d’Almynthe éveille des souvenirs douloureux du temps où elle dansait, attendait un enfant, aimait… C’était avant l’accident d’auto qui avait laissé des séquelles puis éloigné l’amant à jamais. Les premières engelures de l’âme…
Dans une première nouvelle de SF réussie, Michèle Laframboise rend perceptible le malaise de la société actuelle en nous faisant accéder à la froidure du cœur urbain. Elle rappelle que le milieu environnant agit sur les êtres humains, pénètre au plus profond de l’âme. [RP]
- Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 93-94.