À propos de cette édition
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L’Androïde… n’est pas à proprement parler un recueil de nouvelles mais une série d’épisodes reliés, qui s’éclairent mutuellement au fil de la lecture. Le début d’un long roman ne serait pas différent. On sait qu’au moins un autre volume est en préparation. Peut-être l’intention de l’auteur est-elle précisément celle de construire un roman.
Pour l’instant, le lecteur que je suis est suspendu entre deux impressions : celle de l’incomplétude, bien entendu, avec tout ce que cela a de négatif, mais aussi celle de la curiosité. Les fragments fournis par l’auteur ne parlent pas encore suffisamment pour que se crée un véritable mystère. Il est évident que l’on a affaire à un golem (les épisodes praguois sont clairs là-dessus), mais les autres passages, beaucoup plus rapprochés dans le temps, suggèrent qu’un lien est à créer entre l’affaire du golem et les événements plus récents. Ce lien n’apparaît pas plus clairement, d’autant plus que les personnages y sont multiples et les liens qui les unissent, apparemment inexistants (à l’exception du « retour » de Carole H. Smit au dernier épisode). Il faudra attendre le ou les autres volumes (ou, du moins, un certain nombre d’épisodes) pour se faire une idée plus claire de ce qui se passe.
Les détails relatifs à la vieille légende juive sonnent vrai, de même que l’atmosphère du ghetto à la triste époque du début de la Deuxième Guerre mondiale. Les scènes de violence s’étirent parfois en longueur (en particulier dans « Lune, sang, miel ») et le style est parfois un peu à l’emporte-pièce. Je n’avais pas eu auparavant l’occasion de lire beaucoup de textes d’Éric Bourguignon, et il s’agissait toujours d’œuvres mineures. L’Androïde… me laisse croire qu’il est capable de bien mieux. Et s’il trouve le temps et l’énergie de compléter son projet, j’ai bon espoir qu’il nous livrera, finalement, un « roman » de valeur. [GS]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 37-39.