À propos de cette édition

Éditeur
Pierre Tisseyre
Titre et numéro de la collection
Conquêtes - 52
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
134
Lieu
Saint-Laurent
Année de parution
1996
ISBN
9782890516052

Résumé/Sommaire

La grand-mère de Yannick l’invite à passer l’été à Kervinou, en Bretagne, un village dans lequel les habitants vivent selon des traditions ancestrales. Peu motivé par ce voyage, Yannick fait heureusement la connaissance de Viviane, qui vient en vacances tous les ans à cet endroit.

La jeune femme lui parle bientôt de l’immense armoire scellée dans la maison, dont personne ne connaît le contenu, ainsi que d’une légende racontée par le vieux Salaün, qui n’inspire guère confiance à Yannick. Au siècle dernier, de pauvres pêcheurs, s’improvisant naufrageurs, auraient entraîné un navire vers le rivage. Ils l’auraient ensuite dépouillé de ses richesses, y compris des bijoux que portaient les noyés. Les morts se seraient ensuite vengés, de nombreux décès, pour la plupart sordides, affligeant la population. Sans oublier le bruit de cette charrette, conduite par l’Ankou, « l’ouvrier de la mort » qui venait quérir les trépassés… L’Ankou dont une statue occupe une place de choix dans la chapelle du village.

Intrigué, Yannick cherchera à en savoir davantage. Il trouvera un journal, écrit par son ancêtre Loïc, qui détaille les événements de 1843. Le jeune homme ne pourra d’ailleurs résister à l’envie d’ouvrir la mystérieuse armoire. Une nouvelle fois, le malheur va accabler les habitants de Kervinou…

Commentaires

Daniel Mativat, auteur de plusieurs romans jeunesse dans lesquels les légendes et le folklore sont à l’honneur, est né en Bretagne. Ses origines sont perceptibles dans L’Ankou ou l’ouvrier de la mort, l’écrivain en tirant le meilleur parti. Sa connaissance des traditions bretonnes et celtiques est d’ailleurs impressionnante dans ce roman émaillé de termes propres au lexique breton. Il est seulement dommage que les nombreuses notes (42) soient cantonnées en fin de volume, ce qui interrompt sans cesse la lecture. L’usage des notes de bas de page aurait été un compromis plus satisfaisant, ou encore, comme c’est le cas à quelques reprises dans l’ouvrage, la présence de la traduction française entre parenthèses.

Le choix d’une couverture lumineuse et à la technique peu aboutie (l’illustratrice a essayé de cacher autant que possible les mains et les pieds de ses personnages) ne rend pas hommage à ce récit très maîtrisé, écrit avec un style vivant et précis, dans lequel la mort et son support – ici l’Ankou – sont au premier plan. L’auteur a eu le souci de ne pas atténuer ses effets horrifiques, tout comme de ne pas voiler le fait que ses protagonistes entretiennent des relations sexuelles (peu détaillées, compte tenu du créneau jeunesse de la collection Conquêtes).

Cependant, la relation entre Yannick et Viviane manque un peu de crédibilité ; la jeune femme tombe spontanément – et sans raison apparente – amoureuse du visiteur. Rapidement, elle voudra l’embrasser, lui dira même « je t’aime » sans que nous comprenions ce qui lie les deux adolescents. Mais là n’est pas l’intérêt principal du récit : il est plutôt à chercher dans la richesse des histoires folkloriques, que l’auteur dépeint avec générosité.

Nul doute, Daniel Mativat travaille avec soin et respect pour ses jeunes lecteurs, à qui il sert en quelque sorte de passeur de légendes. Légendes fascinantes, comme celle qui veut que « chacune des racines du grand if planté au centre des cimetières bretons pren[ne] naissance dans la bouche d’un des cadavres ensevelis sur place ». [AG]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 138-139.