À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Étienne Vignal vit au sein d’une famille d’accueil et est contraint de passer l’été au Camp des Elfes. Tandis qu’il accumule les tentatives d’évasion de ce lieu, il fait la rencontre de Vincent Michay, un auteur d’écrits fantastiques portant un lourd passé. La curiosité et l’intérêt d’Étienne à son égard grandissent quand il découvre les deuils dont est affligé Michay et la folie dont on le croit victime depuis qu’il maintient avoir vu l’apparition de son fils noyé. Étienne prend aussi connaissance de différentes légendes locales qui circulent au camp dont l’une concerne un anneau puissant perdu lors d’un naufrage.
Autour de lui se multiplient alors les événements étranges et les morts mystérieuses. À plusieurs reprises, Vincent Michay vient au secours d’Étienne tandis qu’il passe bien près de se noyer, qu’il est attaqué par un chien enragé ou qu’il tombe dans un puits abandonné. Chaque fois apparaît un arc-en-ciel à l’angle exagérément grand, dont la forme se rapproche de celle d’un cercle. Toutefois, le récit que fait Étienne de ses mésaventures diffère de celui de ses camarades et divers faits matériels lui prouvent que les événements troublants qu’il vit ne se produisent pas réellement. La découverte de l’anneau disparu, nommé le cercle de Khaleb, accroît ses pouvoirs et lui permet d’expliquer les mystérieux phénomènes par la présence de l’esprit d’un sorcier décédé au sein de l’anneau, par son appartenance à une lignée de sorciers et par l’amitié ayant lié les familles Michay et Vignal depuis des siècles.
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Commentaires
Le « cycle de Neubourg et Granverger », créé par Daniel Sernine, se déroule entre le XVIe et le XXIe siècle et met en scène, au fil de quatre générations, des représentants des familles Vignal, Michay, Bertin et Davard. Il compte dix romans, auxquels s’ajoutent différentes nouvelles, et trouve ici sa conclusion, alors que l’introduction au cycle (La Traversée de l’apprenti sorcier) a aussi été publiée en 1995. L’histoire de ce roman, complémentaire, mais indépendante de celles des autres titres du cycle, met en vedette Étienne Vignal et Vincent Michay, mais fait également mention des Davard lors du dénouement.
Riche et complexe, l’histoire multiplie la présence d’événements mystérieux, d’objets puissants et de pouvoirs paranormaux. Elle conjugue de nombreux éléments qui trouvent leur explication et l’ensemble s’imbrique dans une trame un peu compliquée, mais intrigante. Une part du mystère s’éclaircit lorsqu’Étienne, ignorant jusque-là ses origines familiales, apprend qu’il descend d’une lignée de sorciers et qu’une longue histoire d’amitié lie les familles Vignal et Michay. La découverte et l’affirmation de son identité complètent aussi la quête identitaire typique de l’adolescence qu’il vit à ce moment. Un esprit rebelle propre au passage vers l’âge adulte anime donc le protagoniste, mais en fait également un héros audacieux parfait pour découvrir la vérité et assumer les pouvoirs se manifestant chez lui. Quelques considérations sur les changements physiques et hormonaux se produisant en lui marquent d’ailleurs le fil du texte. L’absence de ces passages n’aurait pas nui à la crédibilité du récit qui concède aussi une place légère et justifiée à des dialogues au langage plus familier. La plume de Sernine n’en demeure pas moins toujours aussi juste, raffinée et soignée.
Le contexte d’une colonie de vacances nommée le Camp des Elfes contribue à l’instauration d’une ambiance estivale teintée de féerie et de mystère. Le terrain regorge en effet de lieux cachant divers secrets et de légendes dont on ignore la part d’invention et la part de vérité. Ainsi, l’opposition entre la vérité et la fiction marque la trame du livre où les interrogations sont constantes entre l’hallucination et la réalité, le normal et le paranormal, l’histoire et la légende. Des tranches du passé sont aussi fréquemment racontées et permettent d’expliquer certaines situations.
Assurément, bien qu’il s’avère complet en soi, le livre n’en donne pas moins envie de lire ou de relire la totalité de la série et d’en tirer l’arbre généalogique des familles récurrentes de livre en livre. Avec ce tome, une fin est donnée au cycle, mais la saga familiale pourrait se poursuivre encore longtemps, le protagoniste de l’histoire se demandant d’ailleurs si la possession de pouvoirs paranormaux ne pourrait pas lui servir dans la pratique d’un éventuel métier d’enquêteur. [SD]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 166-167.
Prix et mentions
Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois 1996
Références
- Cadot, Richard, Lurelu, vol. 19, n˚ 1, p. 29.
- Champetier, Joël, Solaris 117, p. 38-39.
- Martin, Christian, Temps Tôt 41, p. 51.
- Trudel, Jean-Louis, KWS 19, p. 21-24.