À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 133
Pagination
5-6
Lieu
Proulxville
Année de parution
2000
Support
Papier

Résumé/Sommaire

La ville d’Ariakin a été construite sur une lagune. Elle s’élève comme une prière pour rendre hommage à Dieu. C’est dans la disposition des habitats, dans les inclinaisons, dans le dessin des artères que les architectes ont cherché à exprimer leur grande piété. Mais toutes ces subtilités esthétiques échappent au regard des hommes. Au fil des années, émergent ici et là des angelots, marques apparentes de la vocation de la ville. Puis, comme les guerres épargnent la ville, on tient à remercier Dieu de sa clémence. Les statues se multiplient, toutes plus imposantes les unes que les autres. Chaque quartier tient à se démarquer. La ville ne peut supporter un tel poids ; elle s’enfonce peu à peu. Les vérins, mal entretenus, n’arrivent pas à remédier à la situation. La mer envahit lentement les lieux saints…

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Commentaires

Yves Meynard propose une nouvelle brève de SF, une parabole qui met en lumière la grandeur de la bêtise humaine. L’orgueil des citoyens d’Ariakin a fini par défigurer la ville, par l’éloigner de sa vocation première. Les architectes avaient pourtant compris « que l’Incréé, dont la splendeur dépasse l’entendement humain, ne saurait être représenté » par des statues angéliques. Aussi avaient-ils imaginé un plan de rues qui « dessinait des idéogrammes épelant les syllabes du Saint Nom » et d’autres subtilités du genre. Ariakin avait bel et bien été conçue comme « une prière architecturale », mais une prière invisible au regard des hommes puisque jamais les architectes n’avaient pris soin d’expliquer à leurs concitoyens la complexité du travail accompli.

L’ignorance, lorsqu’elle s’allie à la bêtise, rend les hommes inconséquents. Ceux-ci ont voulu imposer à Ariakin, avec davantage d’apparat, l’image de la piété. Comme si la grandeur de la foi se mesurait à la magnificence d’un décor (on pourrait questionner notre propre Histoire…). Ainsi, l’homme pieux a paradoxalement contribué à sa propre déchéance, à sa propre destruction alors que les dieux l’avaient épargné des fléaux…

On n’écrira jamais assez sur la petitesse de l’être d’orgueil, sur le fanatisme qui pervertit les rapports entre les hommes et dénature le religieux. Les citoyens d’Ariakin ont investi temps et argent à parfaire des anges au lieu de veiller à l’entretien des vérins de la ville. Résultat ? Les fondements de la ville se trouvent gravement endommagés par la rouille, ce qui, symboliquement, traduit bien la corruption intérieure de l’homme. La ville n’est plus qu’un grand corps en décrépitude. Un grand corps sans âme, à l’image des gens qui l’habitent. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 119.