À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Dans un futur indéterminé, mais hyperpollué, une autopatrouille est en chasse : Luis et le narrateur, ses deux occupants, doivent éliminer des animaux échappés d’une réserve. Il en existe apparemment deux sortes, ceux qu’on utilise comme nourriture, et ceux qu’on utilise comme « travailleurs ». Le narrateur aperçoit le gibier : une femelle blonde aux yeux bleus et à la peau claire, qui parle. Il l’abat, et, assez écœuré quand même, prélève une main comme preuve.
Commentaires
Je ne sais pourquoi j’ai pensé au premier texte publié de Daniel Walther, en France, « Flinguez-moi tout ça », une des vaguelettes de la nouvelle science-fiction française politique, à la fin des années 60. Il y a dans le présent texte, sur le mode « tranche de vie », l’évocation du même arbitraire brutal, la même charge de violence, le même non-dit dystopique, Eux et Nous ; la charge affective est d’autant plus potentiellement virulente que le narrateur-JE auquel nous sommes invités à nous identifier ne porte pas sur ce qu’il fait ou voit un regard critique.
L’auteur vit à Montréal, mais il est jeune, nous dit-on, et d’origine française. Compte tenu de la situation politique en Europe, en ce qui concerne l’immigration par exemple, on comprend que les Eux et les Nous évoqués ici ne sont plus les Flics et les Contestataires de Walther… mais la description bien aryenne de l’« animal » abattu contraste de façon intéressante avec la mention des théories racistes prouvées en haut-lieu – la supériorité radicale des humains sur les « animaux » –, pour suggérer un monde futur où s’est inversée la relation de pouvoir Nord-Sud.
Voilà bien des possibilités de sens pour un texte aussi court, et cela augure bien des capacités littéraires de l’auteur. [ÉV]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 140.