Au fond des yeux

Il y a quelques décennies, la ville de Calègne a reçu la visite d'extraterrestres. L'Histoire veut qu'ils aient été exterminés mais une société occulte, les Lumières de l'Eternité, garde des spécimens en captivité, sous les quais de la ville. Un groupe de défenseurs des voulques organise leur évasion.

• Au fond des yeux (1987) - Novelette

Ce qu'il y a d'étonnant chez Esther Rochon – et cela se vérifie de texte en texte –, c'est la correspondance entre l'intérieur et l'extérieur, entre le dedans et le dehors. Les sentiments qui habitent les personnages se traduisent dans le paysage même. Attirance et méfiance envers les voulques à la fois différents de nous et tellement semblables. Sentiment de culpabilité entretenu et désir d'oublier le sort des voulques. De même, Calègne, ville bigarrée où le moderne côtoie l'ancien. Le présent, indissociable du passé dont il procède.

La position de Peter, gardien occasionnel des voulques, complice muet des Lumières de l'Eternité et acteur précieux de la libération des voulques, illustre bien le caractère complexe du rôle du sauveur dans l'œuvre de Rochon.

Comme la narratrice dans « Xils » – récit avec lequel il serait intéressant de dresser un parallèle – Peter entretient une relation ambiguë avec ces êtres qui sont responsables de sa condition, de son malaise.

« Au fond des yeux » est une nouvelle plus sereine que « Xils », les personnages ayant réussi à accéder à une paix intérieure. En outre, le récit mise sur trois points de vue narratifs différents, ce qui confère à cette nouvelle une sensibilité très riche. Point de vue intérieur de Peter, point de vue intérieur du témoignage des voulques, point de vue extérieur du narrateur omniscient. Continuel échange entre l'individu et la collectivité. Le moi, représentation en miniature du monde extérieur. [CJ]

• Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 106-107.