À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Bartok Bortak, un Razz de race turquoise, fuit sa communauté et s’enfonce dans le désert. À la limite de la déshydratation et de l’inanition, il aperçoit une groutrouille, source de subsistance et habitat des Razziliens. Bartok organise son gîte en grignotant l’intérieur de la courge. Pour tromper l’ennui, il inventera avec une jeune compagne un nouveau style de musique, le razz’n grou. Le couple deviendra célèbre sur toute la planète. On découvre plus tard que le rythme endiablé du razz’n grou neutralise le venin des groutrouilles. Les groupes de razz’n grou prolifèrent, entraînant une diminution dangereuse des courges nourricières. Une famine épouvantable s’abat sur le Razzland.
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Commentaires
Michel Bélil a remporté avec cette nouvelle le premier prix du concours Septième Continent pour la nouvelle francophone de SF. Ce texte s’est démarqué tant par sa fantaisie que son humour. Un parallèle s’établit d’emblée entre les habitants de la planète Razz et les Hobbits de la célèbre épopée tolkienne. Outre leur petitesse commune, ils vouent un même culte à la nourriture et sont batailleurs et inconséquents. Les deux récits, à des degrés divers, relèvent de la fantasy. Bélil se réfugie dans la science-fiction afin de donner un cadre à un univers qui, autrement, baignerait dans le merveilleux.
Les personnages d’« Au Rythme du razz’n grou » sont typés comme des héros de bandes dessinées. Ils sont construits d’une pièce, sans profondeur psychologique. L’écriture dynamique et sans fioritures n’offre aucune prise aux personnages qui restent sans ampleur. Cet artifice permet à l’auteur de dresser un tableau caricatural de l’humanité, de la cueillette à l’urbanisation. Les habitants de Razzland, grâce au razz’n grou, passent du nomadisme à l’organisation en structures sociales.
Bélil dessine à grands traits humoristiques l’évolution de la musique populaire, sa naissance improvisée, son succès fulgurant, l’hystérie des foules, la discorde dans les groupes. Dans un passage savoureux, il énumère les thèmes privilégiés du genre : « Des paroles simples surgissent, décrivant d’interminables errances, la peur bleue du faupace mêlée à un mysticisme autodestructeur, l’émerveillement d’un envol d’oinards sauvages à huppe rouge… ».
La nouvelle foisonne d’inventions lexicales qui touchent l’environnement faunique et floral de la planète (une nitouche, une bredouille, un faupace, un naunot). Ces néologismes sont un clin d’œil au langage enfantin et aux expressions populaires. Ils donnent la touche finale à un récit qui se distingue par sa fraîcheur et par son humour, trop souvent gratuit en SF. Bélil prépare, paraît-il, un cycle de nouvelles sur la planète Razz. Un projet dont les perspectives sont alléchantes. [DP]
- Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 25-26.
Prix et mentions
Prix Septième Continent 1988