À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Rosalie reçoit un appel au secours de son amie extraterrestre, Mougalouk. Réunis dans leur cabane au sommet d’un arbre, Rosalie et Julien essaient de faire fonctionner une épingle transmettrice que Mougalouk leur a laissée avant de retourner sur sa planète. Grâce à Léo, le cousin de Julien, les enfants entendent un appel venu de la planète en « Ouk » : Mougalouk va venir les chercher. Ils se retrouvent à nouveau le soir, durant le feu d’artifice de la Saint-Jean. Entre-temps, Rosalie a réparé des dégâts qu’elle a causés au jardin du père de Julien. Les enfants s’endorment dans la cabane et, durant leur sommeil, sont emportés par un mystérieux rayon vert. Léo les rejoindra plus tard dans le récit.
La planète en « Ouk », où ils s’éveillent, est réduite à l’état de désert. Les enfants subissent le passage d’une sorte de typhon. Rosalie et Julien retrouvent Mougalouk et d’autres enfants dans une petite oasis. Ils y apprennent que le Courouk dévaste toute la planète dont les habitants, qui se nourrissent de la musique des fleurs, vont mourir de faim. Attaqué par le Courouk, le groupe d’enfants prend d’abord la fuite. Rosalie se rend compte qu’elle peut nourrir ses amis en jouant de la flûte. Des graines, échappées des poches de Rosalie, ont commencé à germer, couvrant la planète de pommiers et de fleurs. Quand le Courouk surgit à nouveau, Rosalie décide de le combattre. Les enfants se liguent contre l’ennemi et parviennent à le vaincre. Le lendemain matin, les enfants se réveillent mystérieusement chez eux. Par l’épingle transmettrice, Mougalouk leur fait parvenir les applaudissements de son peuple.
Commentaires
Ce roman, qui s’adresse au public des 7-8 ans, est la suite de Mougalouk de nulle part, paru en 1989 dans la même collection, mais Au secours de Mougalouk ne nécessite aucun recours au premier titre. Lorsque l’information s’avère nécessaire, l’auteure résume brièvement le contenu du roman précédent.
Si le livre sera sans aucun doute lu avec beaucoup de plaisir par les enfants, il pose par contre un problème au lecteur adulte : il relève incontestablement de la science-fiction ; cependant, à aucun moment, l’auteure ne tente de créer l’effet de vraisemblance que réclame ce genre. Rayon vert, bulle protectrice, rien ne se veut réaliste, et pourtant il s’agit bien de SF. Ici, pas question de magie ou de merveilleux. L’intrigue tourne autour d’une découverte de l’altérité, thème cher à la science-fiction, même si les étrangers en question se nourrissent « de la musique des fleurs ».
Heureusement, si Danièle Desrosiers ne cherche jamais à expliquer les phénomènes qu’elle décrit, elle ne fait pas usage par contre de cette pseudoscience qui agace souvent dans les romans de science-fiction destinés aux enfants. Lorsqu’elle ne peut expliquer les phénomènes qui surviennent, l’auteure avoue simplement son ignorance : au lecteur d’imaginer. Ainsi, le rayon vert qui vient cueillir les enfants sur Terre ne provient d’aucune grossière mécanique : il existe, un point c’est tout.
Les habitants de la planète en Ouk possèdent de nombreux pouvoirs qui semblent émaner de leur seule solidarité, comme la capacité de créer une bulle protectrice autour d’eux. Et, bien qu’il ne soit question que d’enfants dans ce roman, la planète n’est pas peuplée que de gamins : les adultes se trouvent au nord, pour affronter le Courouk, après avoir laissé les enfants en sécurité, du moins le croyaient-ils.
Si la conclusion est prévisible (lorsque Rosalie travaille au jardin et fourre les graines qu’il reste dans ses poches, on se doute bien que cela servira plus tard), il reste que l’intrigue toute simple coule agréablement. Ce n’est évidemment pas une lecture à recommander aux amateurs de SF qui pourraient juger ridicules le langage en « ouk » et les pouvoirs de ces extraterrestres, mais Au secours de Mougalouk est le roman d’une auteure qui respecte l’intelligence de ses jeunes lecteurs.
Ainsi, j’ai été surprise de trouver une structure en parallèle dans un roman destiné à un si jeune public : lorsque Rosalie et Julien se trouvent sur la planète en Ouk, alors que Léo est demeuré sur Terre, de brefs passages en italique nous présentent les angoisses du petit garçon resté derrière, jusqu’à ce que le rayon vienne le cueillir à son tour. Quant aux rares adultes que l’on aperçoit sur Terre (les parents des enfants), ils sont présentés de façon réaliste, même si la situation fait d’eux de pauvres ignorants, puisqu’ils ne sauront jamais où leurs enfants ont passé cette nuit de la Saint-Jean.
Bref, une œuvre qui plaira au public auquel elle se destine, mais qui m’oblige à poser la question : est-il donc impossible d’écrire de la science-fiction authentique et vraisemblable quand on s’adresse aux enfants ? [FP]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 68-69.
Références
- Plaisance, Gilbert, Lurelu, vol. 14, n˚ 3, p. 20.