À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
John Stoptalking, fils du célèbre armateur, est apprenti-contrôleur à bord du Fuseau Ardent, transporteur supraluminique spécialisé dans la vente en gros et en détail. Après une mésaventure sur la planète Poussette où de troubles créatures sèment l’émoi dans l’esprit de notre jeune ami, le capitaine Poularde l’envoie en mission sur Euclidin. Mais la juvénile inconscience de John le placera à nouveau en mauvaise position. In extremis, Angela Blixte, la spécialiste en communications du vaisseau, le ramènera à bon port. De nouveau dans l’espace, voici le Fuseau Ardent attaqué par des pirates. Espérant réparer ses frasques, John veut conduire la riposte mais le capitaine saura le confiner à un rôle secondaire et s’assurera sans coup férir la débandade des vils assaillants. Pour fêter cette belle victoire, Gludule, la délicieuse cuisinière, prépare un repas gargantuesque où la poutine s’avère reine. Peu après, alors que John roucoule avec l’élégant cordon-bleu, une tempête électromagnétique assaille le vaisseau. Les deux tourtereaux, devant la mousse qui envahit l’antre, n’échapperont à la mort que grâce à l’action rapide du jeune homme. Toutes ces aventures se termineront sur une note joyeuse : le mariage de John et Gludule.
Commentaires
Aventures en fusée, c’est l’histoire la plus drôle de la SFQ. Commencée voici quelques années dans les pages du fanzine Énergie Pure, à raison d’un chapitre par numéro, l’auteur s’est finalement décidé à terminer son feuilleton désopilant. Le résultat final valait l’attente.
Reprenant le ton désuet du début du siècle, l’agrémentant d’un torrent d’adjectifs et de tournures volontairement ridicules, Jean Poirier met en scène des personnages tous plus stéréotypés les uns que les autres, aux prises avec des aventures tout aussi clichées. Le héros, John Stoptalking, mélange loufoque de l’adolescent-héros de la SF des années 50 et du cancre débonnaire de la même époque, s’avère l’un des crétins les plus sympathiques de la SFQ. Ses aventures, ou plutôt ses mésaventures, sèment l’hilarité tant par leur invraisemblance que par l’incroyable talent du personnage à se mettre les pieds dans les plats – ou les mains dans l’eau de vaisselle !
Mais ce pastiche nous rappelant toutes les stupidités produites par une certaine science-fiction n’aurait pas eu grand mérite sans l’habile dosage de l’auteur. Jouant la carte du sérieux à fond, Poirier donne dans le grandiloquent afin d’apporter encore plus de contraste entre le contenu et le contenant. Qui plus est, pour rehausser encore le plat, il réussit à trouver des noms étonnamment hors contexte, sans compter les situations. Qu’on pense à ce pauvre Stoptalking, passablement éméché, en train de se faire lessiver dans une partie de boules sur la planète Euclidin, ou encore ces passages savoureux où l’origine de la poutine nous est dévoilée !
Une belle réussite qui comporte bien sûr certains côtés plus sombres, comme cette écriture qui aurait gagné encore plus en saveur avec un petit polissage, ce manque de liaison entre les différents chapitres et cette fin ouverte qui laisse un peu froid.
Mais peccadilles que tout cela ! L’important, dans une fiction comique, c’est de rire, aux larmes s’il le faut. Jean Poirier, aidé faut-il le rappeler par les hilarants dessins de Marc Auger, atteint magnifiquement ce but avec Aventures en fusée. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 150-151.
Références
- Labelle, Philippe, Carfax 42, p. 15.
- Pomerleau, Luc, Solaris 78, 44.