À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Ils ont planté deux noyaux d’avocat et les petits avocatiers poussent, poussent, tandis que le couple est heureux et parle de ses avocatiers à tous. Quand sa femme n’est pas là, l’homme fait l’amour avec eux. Mais voici que les plantes développent chacune un drôle d’appendice rose au bas de la tige. Sont-elles malades ? Elles sont à tout le moins disgracieuses ! Ne parlant plus de ses avocatiers, le couple s’enfonce dans une période difficile, sa relation avec l’extérieur se détériorant au même rythme que ses rapports internes. Puis, un beau jour, l’homme rentre plus tôt et surprend sa femme et les deux avocatiers en train de faire l’amour. Il les rejoint et ils oublièrent tous leurs soucis, heureux comme des plantes.
Commentaires
Merveilleuse petite fable perverse que ce texte. Daniel Gagnon, on le sait, est réputé pour sa plume exacerbée, ses sujets provocateurs et sa grande puissance d’évocation : qu’on se rappelle La Fée calcinée, ou son recueil habilement intitulé Le Péril amoureux. Ici, c’est dans cette voie qu’il continue, maniant habilement la langue afin d’amener petit à petit le lecteur vers cette fin inéluctable, cet entrelacement animal-végétal où n’ont plus leur place ces tabous occidentaux qui tendent à traquer le péché là où se profile toute déviation sexuelle, soit-elle la plus minime possible.
« Les Avocatiers » se présente donc comme un texte simple, efficace, délicieusement érotique et admirablement construit. Tenant sur deux pages de la revue, il est tout à fait remarquable de voir cette nouvelle associée à une réclame de la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie, une preuve tout à fait éclatante du grand bout de chemin que nous avons fait au Québec en matière de tolérance sexuelle.
Daniel Gagnon, avec ce texte et plusieurs autres, semble vouloir prêcher pour une tolérance encore plus grande. Si le chemin qu’il veut tracer est pavé de textes aussi remarquables que « Les Avocatiers », je suis sûrement l’un de ceux qui l’emprunteront ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 86-87.