À propos de cette édition

Éditeur
Médiaspaul
Titre et numéro de la série
L'Ère du nouvel empire - 5
Titre et numéro de la collection
Jeunesse-pop - 125
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
176
Lieu
Montréal
Année de parution
1998
ISBN
9782894201206
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Ancienne exploratrice, Ferrale s'est reconvertie dans le commerce. À bord de son astronef, le Christophe, elle bourlingue dans le secteur d'Orion à la marge des empires interstellaires avec, pour seul équipage, Christophine, l'intelligence semi-artificielle qui contrôle le vaisseau et, pour cette mission, Samuel, un jeune Nou-Québécois. Ils ont rendez-vous avec l'Emporos dans la zone instable entourant Bételgeuse afin de prendre à bord un adolescent, l'un des clones du neveu de l'Empereur. Mais l'astronef a été arraisonné et les adultes enfermés dans les cercueils de sommeil-lent. Et tous les enfants ont disparu.

Connaissant la description du vaisseau pirate, Ferrale se met à sa recherche. Sur la station orbitale Klaria, où l'attendent les Impériaux qui l'ont engagée, elle veut confier le travail à son jeune clone, Damarys, mais cette dernière est déjà sur la piste et préfère travailler seule, au grand dam de Ferrale. Samuel est alors mis à contribution et il apprend que les pirates ne savent rien de la présence du clone parmi les enfants de l'Emporos et que leur astronef, le Menelvagor, est justement en rade sur Klaria. Caché dans un coffre-froid, le jeune homme s'y introduit et se fait prendre aussitôt : l'équipage est composé d'adultes modifiés génétiquement pour garder l'apparence de la jeunesse – ils se nomment les enfants perdus – et il se renouvelle donc en kidnappant des jeunes.

Poursuivi par l'Al-Kanuz, astronef de l'Empire, le Menelvagor fuit dans la zone entourant Bételgeuse, devenue encore plus dangereuse depuis que l'étoile géante montre des signes d'instabilité indiquant qu'elle est sur le point de se changer en supernova. Samuel réussit cependant à saboter les moteurs du vaisseau et le Menelvagor doit, sous la menace des Impériaux, céder les enfants enlevés sur l'Emporos. Ils garderont Renkun, le clone impérial, comme monnaie d'échange, le retournant aux Impériaux dans une capsule lorsque le Menelvagor sera hors de leur portée. Or, cette capsule, ils la détruiront avant que quiconque puisse récupérer Renkun.

Renkun n'est cependant pas mort. Il s'agit plutôt d'un subterfuge visant à le soustraire à son triste destin de doublure. Caché par les gens du Christophe, il pourra vivre un jour sa propre vie, ce qui vaut bien, pour Ferrale et ses amis, la récompense qu'ils perdent !

Commentaires

Les Bannis de Bételgeuse est un des nombreux récits de Jean-Louis Trudel se situant dans son histoire du futur où on retrouve, entre autres, une planète colonisée par les Québécois, Nou-Québec. Si le roman se présente comme la suite de quelques-unes de ces histoires, l’intrigue, complète en elle-même, ne nécessite aucunement une lecture préalable des autres épisodes.

En tout premier lieu, il faut souligner le rythme du roman. Du début jusqu’à la fin, l’action est menée tambour battant et si, comme dans tout bon space opera, il est nécessaire d’inclure de nombreuses descriptions afin que le lecteur puisse correctement visualiser la société futuriste mise en place et son environnement, jamais ces passages ne ralentissent l’action.

L’action se déroule donc à bord d’astronefs ou d’une station orbitale, Klaria. Pas de planète en vue, rien que le vide de l’espace et Bételgeuse, l’étoile qui donne son nom au titre et qui, parce que ses paramètres physiques changent et annoncent une possible explosion, devient un moteur secondaire important de l’intrigue. L’auteur prônant depuis plusieurs années la rigueur scientifique dans la littérature de science-fiction, nous aurons droit à plusieurs explications techniques qui garantiront, sans l’alourdir, la vraisemblance de l’ensemble et ajouteront ainsi au plaisir de lecture.

L’intrigue est assez bien ficelée. Montée comme une enquête, la recherche des ravisseurs des enfants de l’Emporos permettra de mettre en place plusieurs rebondissements dont Samuel, plus souvent qu’à son tour, fera les frais. Ce qui est tout à fait naturel puisqu’il est le personnage principal des Bannis de Bételgeuse, celui auquel les jeunes garçons voudront s’identifier. Quant aux deux personnages féminins, ils ont ceci de particulier qu’ils se présentent comme les versions jeune et âgée d’une même personne, l’une étant le clone de l’autre. D’intelligence vive et d’esprit volontairement retors, les deux femmes se livrent un affrontement qui génère plusieurs séquences intéressantes. Surtout que Trudel a su bien ajuster l’évolution du tempérament de ce caractère : l’impétuosité et la vivacité de la jeunesse, la ruse et la sagesse de la vieillesse… Une belle étude comparée d’un même caractère, certes limitée puisqu’il s’agit d’un roman jeunesse où l’action prime sur tout, mais qui mérite d’être soulignée quand même.

Si l’astuce finale afin de sauver Renkun de son destin de doublure est suffisamment complexe et bien menée pour être vraisemblable, tout comme la majorité de l’histoire, d’ailleurs, j’avoue avoir de la difficulté à accepter la nature des enfants perdus, l’origine de leur vaisseau et leur étrange occupation. Que le Menelvagor accueille à son bord « les enfants perdus de deux cents mondes : les exploités, les persécutés et les abandonnés. Jusqu’à ce qu’ils aient seize ans, ils peuvent jouir parmi nous d’un refuge… » (p. 115), je veux bien. Cependant, comment se fait-il que pas un adulte dans l’Empire ne soit au courant de son existence et du fait qu’il kidnappe de temps à autre les enfants d’un vaisseau comme l’Emporos ? Car il est dit que, lorsque l’occasion est trop belle, on enlève ainsi les enfants pour « leur donner une chance de connaître autre chose » et qu’environ dix pour cent d’entre eux demeurent avec eux. Et parmi les quatre-vingt-dix autres qui retrouvent famille et Empire, personne n’aurait parlé des enfants perdus ? Depuis plus d’un demi-siècle ? Voilà un détail qui m’a laissé plus que perplexe, on le comprendra, et qui aurait mérité d’être creusé plus à fond.

Mais dans l’ensemble, Les Bannis de Bételgeuse demeure un excellent roman jeunesse dont il faut recommander la lecture à tous ceux et celles qui aiment vivre des aventures palpitantes. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 167-169.

 

Références

  • Spehner, Laurine, Lurelu, vol. 21, n˚ 2, p. 36.