À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Il y a six ans, Keable a entendu la banshee au moment où sa femme mourait. Il s’est protégé de l’entendre de nouveau en s’entourant de musique. Toutefois, un soir de novembre, il a laissé son baladeur sur sa chaise, au Bar Ailleurs, et s’est jeté dans la rivière Coaticook. Au même moment, le narrateur a entendu la banshee.
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Commentaires
Je dois avouer que je ne suis pas la plus grande admiratrice de Daniel Sernine ; je n’ai pas lu beaucoup de ses textes, mais ceux que j’ai lus ne m’avaient pas réellement plu (peut-être étais-je tombée sur ses moins réussis). Je ne peux pas en dire autant de « Banshee ».
Le narrateur raconte l’histoire d’un autre, Keable. Et ce qu’il en sait provient soit d’observations, soit d’un ami commun : Brodeur. Il n’est donc ni la source première ni même la seconde. Faut-il se l’avouer, plus la source est éloignée du cœur de l’histoire, plus elle risque de la déformer… mais plus ce qui est raconté risque d’être intéressant. D’ailleurs, le narrateur l’affirme lui-même : « Le tout se voile maintenant d’un certain flou : les paroles de Brodeur, je ne me les rappelle pas précisément et j’ignore quelle part j’ai imaginée ou rêvée, par la suite, dans ce crépuscule où songes et souvenirs prennent les mêmes teintes. » Le procédé rappelle la légende, où le narrateur est bien souvent témoin plutôt que personnage principal. En fait, tout le texte est empreint de ce mystère propre aux contes et légendes, de ces ouï-dire, de ces rumeurs qui ne permettent plus de tracer la ligne entre le vrai et le faux.
La musique occupe aussi une place primordiale dans cette nouvelle : Keable était compositeur et donnait des cours de violon, sa femme était chanteuse d’opéra. Pour masquer le chant de la banshee, Keable écoutait toujours de la musique avec son baladeur. Et le texte de Sernine est marqué de cette musicalité. Le style est agréable, voire musical, efficace sans être artificiel.
J’ai été séduite par la voix de ce texte, qui correspond tout à fait à ce que j’attends d’une nouvelle : première phrase accrocheuse, fin ouverte, style fort, histoire vacillant entre le réel et l’irréel. Manifestement, je ne suis pas la seule à avoir été séduite, car Marc-André Ferguson a réalisé, en 2007, un court métrage s’inspirant de cette nouvelle. [LA]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 179.