À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Par une nuit d’été extrêmement obscure, deux hommes sont témoins de l’apparition d’un navire en flammes au milieu de la baie des Chaleurs. Le narrateur avait d’abord cru qu’il s’agissait d’une maison, mais son ami, B., lui apprend que « c’est le bâtiment en feu », ce dont le narrateur n’avait jamais entendu parler. Ils voient distinctement dans les mâts du navire en flammes deux matelots, ce qui fait dire à B. : « Mon Jésus ayez pitié de leur âme ! », paroles qui, à leur tour, font disparaître « comme par enchantement » le navire. Intrigué par ce qu’il a vu, le narrateur en parle le lendemain « à tout le monde », puis le père B. lui raconte la légende du bâtiment en feu : en Acadie, un commandant anglais avait brûlé la maison d’une pauvre femme ; celle-ci avait prophétisé que le commandant brûlerait lui aussi avec son vaisseau sans la possibilité d’avoir de l’aide des Acadiens.
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Commentaires
Ce récit rappelle certes la légende du vaisseau fantôme, mais dans une variante bien canadienne, et plus précisément, acadienne. Ainsi, la parole acadienne venge l’affront subi aux mains des Anglais à l’époque du Grand Dérangement. La victoire est ici reléguée à l’imaginaire, comme cela semble être la tendance dans une série de textes fantastiques ou merveilleux du XIXe siècle qui évoquent la fin de la Nouvelle-France.
Ce qui étonne le plus ici, c’est l’absence totale de résistance rationnelle à l’étrangeté de la situation : aucun des personnages, la nuit de l’apparition ou le lendemain, alors que le narrateur en parle « à tout le monde », ne doute un instant que cela ait pu se produire et se reproduise ponctuellement dans la baie des Chaleurs. Cela n’en fait pas un texte merveilleux conventionnel pour autant, mais certainement un peu réalisme magique ou maléfique, bien avant la lettre. [MLo]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 206-207.