Belle et le motard (La)

Xavier enfourche un soir sa moto pour aller travailler. Il aperçoit soudain une jeune auto-stoppeuse, très belle, qu’il s’empresse de faire monter. Il la mène à destination pour constater, son quart de travail terminé, qu’elle a conservé la veste qu’il lui avait prêtée car elle était transie. Il retourne donc frapper à la porte de la maison où il l’avait déposée et demeure stupéfait lorsque le couple qui y habite lui apprend que, s’il s’agit bien de la jeune fille qu’il leur décrit, celle-ci est morte depuis maintenant un an.

Bref, voilà une petite nouvelle, avec un minuscule propos et reposant sur une économie de moyens. Jean-Paul Lacoste choisit ici de nous raconter une banale histoire de revenant. Heureusement, l’écriture, en dépit de quelques maladresses syntaxiques, est assez habile. Elle se met, de manière discrète, au service de l’histoire et est soucieuse des détails donnant sa solidité au récit.

Cependant, on aimerait peut-être que les personnages aient un peu plus de chair, qu’ils aient une vie hors des limites du texte. Celui-ci nous laisse suffisamment d’espace pour prêter une vie au narrateur, pour spéculer sur les motivations profondes de la jeune fille, bien sûr, mais parfois la logique de Xavier est fort évanescente (il a décidément beaucoup d’intuition, ce narrateur) et, surtout, l’existence de la jeune fille, les circonstances de sa mort, ne sont pas suffisamment ancrées dans le texte. [SBé]

• Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 104-105.