À propos de cette édition

Éditeur
Québec Amérique
Titre et numéro de la collection
Gulliver - 46
Genre
Fantastique
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
166
Lieu
Boucherville
Année de parution
1995
ISBN
9782890376748
Illustration
Josée Bisaillon

Résumé/Sommaire

Tout au bout d’un village, Marie et Balthazar, âgés respectivement de 72 et 70 ans, sont voisins. Cinq minutes et l’hiver les séparent, mais ils se préoccupent beaucoup l’un de l’autre. La première est une ancienne écuyère ; le second fait rêver avec les histoires et les contes qu’il écrit depuis plus de trente ans. Tôt le matin, voyant que son ami n’écrit pas et qu’il semble absent, Marie se pointe chez Balthazar et passe la journée à entretenir son feu et l’espoir de son retour. Dissimulé à sa vue, Balthazar est pourtant là, au grenier, cherchant les lettres qu’il a écrites à Marie et qu’il n’a jamais osé envoyer. Étrangement, cinq personnages d’albums créés autrefois par Balthazar prennent vie et cherchent dans la maison leur vieux créateur qui ne serait pas sorti sans son manteau ! Quand l’électricité vient à manquer, Marie retourne chez elle, mais revient vite en compagnie des jumeaux, des personnages de contes rescapés par ses soins.

De son côté, Balthazar écoute Lila, une jeune bergère de chevaux, minuscule personnage de sa création, et rédige son histoire, qui est aussi celle de Marie, la femme occupant ses pensées. Terminant son récit, il découvre la vieille dame l’attendant au rez-de-chaussée et trouve enfin le courage de la demander en mariage. Chacun des petits personnages retourne alors dans son livre, leur mission de réunir Marie et Balthazar étant accomplie.

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Commentaires

Christiane Duchesne raconte une histoire d’amour originale entre personnes âgées que la fiction et l’écriture parviennent à réunir. Le roman met en scène des gens que l’âge éloigne du jeune lecteur et se distingue ainsi des typiques récits conçus pour que le lecteur se reconnaisse et s’identifie aux personnages.

Aux confins du fantastique et du réalisme, la magie s’immisce dans cette histoire remplie de neige et de silence. L’apparition inopinée de personnages créés par Balthazar dynamise le roman, lui octroie une touche de poésie et provoque la présence du surnaturel. Séparés de leurs livres d’origine, les petits êtres ignorent la raison de leur présence dans la maison et se questionnent jusqu’à vouloir se retrouver dans un même livre, transformés à jamais par cette aventure. Leur présence fantastique jalonne le récit de tendresse et d’humour. Tout dévoués à leur créateur, ils apportent une touche de folie à l’œuvre. D’ailleurs, turbulents comme des enfants, ils sont considérés comme tels par Balthazar et Marie, qui s’aiment déjà comme un vieux couple.

L’histoire, narrée avec tendresse, concerne tour à tour Marie, son amour et ses inquiétudes pour Balthazar ; Balthazar, ses lettres et sa bergère de chevaux dont il n’a jamais rédigé l’histoire finale ; et les différents personnages qui quittent leurs livres d’origine pour venir en aide à leur créateur : crocodile, taupe, souris, serpent et jumeaux X et Y. Outre l’amour, le roman aborde ainsi les relations entre auteur et personnages, par le biais de l’auteur, à la vie rythmée par ses habitudes, et de ses créations, mais aussi par le personnage de Lila qui prononce les mêmes phrases que son créateur, mais exige pourtant son autonomie. Le récit de cette bergère de chevaux est d’ailleurs symbolique de la vie de Marie, ancienne championne équestre qui déteste les moutons. Il est aussi lié aux lettres écrites, mais jamais envoyées par Balthazar.

L’aventure, qui se déroule principalement dans une seule maison, est parfois difficile à croire, mais la douceur des personnages excuse tout. Toujours ils se demandent ce qu’ils font là, entretenant le mystère de leur présence. Le ton s’apparente à celui de La Vraie Histoire du chien de Clara Vic et mêle la poésie aux dialogues avec une lenteur agréable. Le roman est plaisant à lire et à relire pour y découvrir encore autre chose. [SD]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 78-79.

Références

  • Fradette, Marie, Le Soleil, 19-11-2006, p. A6.
  • Girard, Ginette, Lurelu, vol. 19, n˚ 1, p. 19.