À propos de cette édition

Éditeur
XYZ
Titre et numéro de la collection
L'Ère nouvelle
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Esprit ailleurs
Pagination
23-39
Lieu
Montréal
Année de parution
1992

Résumé/Sommaire

Voilà deux ans maintenant que Sébastien est mort. Berthe, sa femme, ne l’a pas complètement oublié même si son amant Fernand la comble sexuellement. Or Sébastien revient dans le continuum spatio-temporel de Berthe qui l’accueille à bras ouverts. Toutefois, la mort lui joue des tours et efface à l’occasion une partie de son corps. Sébastien implore la berlue de cesser de le tourmenter et de le laisser errer dans le monde des vivants. Elle accepte finalement mais non sans lui réserver une mauvaise surprise : elle lui donne le corps de Fernand.

Commentaires

À l’exception du protagoniste de la nouvelle qui donne son titre au recueil, les personnages d’André Brochu sont mal dans leur peau. Vivant, Sébastien sombrait de plus en plus souvent dans l’alcool avant son accident fatal. Mort, il souhaite revenir dans le monde des vivants où, somme toute, la vie avait un certain charme avec Berthe.

Il entretient donc un rapport difficile avec le temps ou la mort et est coincé dans une dialectique du dedans et du dehors qui structure l’ensemble du recueil. Cette dialectique s’exprime dans plusieurs domaines : politique, métaphysique, affectif, social. Dans « La Berlue », c’est la dimension métaphysique qui est mise en valeur en tablant sur l’opposition entre la vie et la mort alors que Sébastien vit pour ainsi dire un état intermédiaire.

Le début de la nouvelle nous met en appétit et nous accroche mais il arrive toujours un moment dans les récits de Brochu où l’intérêt faiblit, où on décroche, où, pour tout dire, on a l’esprit ailleurs. L’auteur a tendance dans ces passages à se prendre trop au sérieux, à laisser le théoricien l’emporter sur l’écrivain, ce qui donne des considérations plutôt fumeuses et abstraites : « La mort, c’est du temps qui mange et c’est de l’espace regagné pour d’autres corps, d’autres durées. »

« La Berlue » se veut une illustration de cette définition songée mais la démonstration n’est pas très convaincante. Heureusement, cet égarement est ici de courte durée et la nouvelle reprend rapidement son rythme allègre grâce à l’humour qui anime les rebondissements. On retiendra plutôt que la vie, même insatisfaisante sur le plan des relations conjugales, est préférable à la mort qui nous prive du poids du corps. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 37-38.