À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Maître Gilles Piché se rend à la cellule de Réjean Bastien, accusé de plusieurs meurtres sordides. Le suspect raconte qu’il est tombé sous l’emprise d’une femme, Erzébeth Bathory, qui s’est servie de lui pour l’approvisionner en jeunes femmes. À la suite de l’arrestation de Bastien, les ambulanciers évacuent une jeune femme du sous-sol de sa maison. Le présumé meurtrier est retrouvé mort, exsangue, tandis que l’avocat croise la jeune femme hospitalisée, qui est nulle autre qu’Erzébeth.
Commentaires
Normand Grégoire propose une version moderne de l’histoire d’Erzébeth Bathory, comtesse de Csejthe. Selon la légende inspirée par ce personnage qui a vécu en Transylvanie aux XVIe et XVIIe siècles, la comtesse prenait des bains de sang de jeunes vierges pour conserver une éternelle jeunesse.
Dans sa tentative d’actualiser le récit, l’auteur perd une belle occasion de relier cette obsession de l’éternelle jeunesse à des préoccupations éminemment contemporaines – chirurgie esthétique, botox, crèmes miracles. Grégoire ne formule ne serait-ce qu’un début de réflexion sur ce sujet. De plus, la transformation physique de la comtesse au moment de s’enduire le corps du sang de sa victime est une licence que se permet l’auteur qui dénature le personnage et, surtout, le dévalue comme être humain et lui fait perdre une bonne part de son ambiguïté. C’est sans compter aussi la confusion qui semble exister dans l’esprit de l’auteur entre la figure sanguinaire du vampire Dracula et celle d’Erzébeth comme en témoigne la tentative ratée de Bastien de l’éliminer.
La dernière partie de la nouvelle accumule les invraisemblances et présuppose des facultés qu’Erzébeth ne possède pas – du moins, il n’en est pas fait mention. Comment se fait-il qu’elle se trouve dans la maison de Bastien alors que celui-ci, aidé du proxénète de la victime qu’il avait enlevée, est sur le point de décapiter Erzébeth dans un cimetière et de lui planter un pieu dans le cœur ? Comment a-t-elle pu tuer Bastien dans sa cellule ?
Tant dans sa représentation d’une figure monstrueuse, l’auteur s’attardant davantage à l’horreur des actes commis qu’à la dépravation morale de cette femme, que dans la conclusion de son récit, Normand Grégoire a fait les mauvais choix. Sa nouvelle tourne à vide et ne réussit pas à marquer l’esprit du lecteur. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 100.