Bizarre Aventure (La)

À sa première journée au secondaire, Rafaële observe Maxime lorsqu’il est sauvé d’un accident par un homme ayant une éraflure à la joue et qui semble connaître Raf. L’homme est gravement blessé. À l’heure du dîner, Raf croise l’homme sur la rue. Il ne porte toutefois aucune marque de l’accident, n’a plus d’éraflure, ne semble pas reconnaître Raf et s’inquiète du fait que l’accident ait déjà eu lieu. À la sortie des classes, l’homme, qui s’appelle Alan, demande à Raf et à son ami Martin de sortir son frère, victime de l’accident, de l’hôpital. Dans un parc, Alan se fait la même éraflure que son frère. Il raconte son histoire, qui cloche malgré sa sincérité. Martin se rend ensuite à l’hôpital repérer la chambre du frère en question. Alan, qui a compris que Raf a le don d’empathie, lui raconte sa vraie histoire. Il vient du futur.

Dans ce futur, Maxime a inventé une machine à voyager dans le temps. Alan travaille pour Maxime, car ce dernier a reconnu en Alan l’homme qui l’a sauvé, ce qui confirme que le voyage temporel est possible. L’homme à l’hôpital est donc Alan après qu’il ait sauvé Maxime. Pour aider Alan, Raf et Martin doivent déposer un clavier sur l’Alan de l’hôpital, afin qu’il retourne dans le futur pour être soigné. Le clavier est programmé pour revenir à l’Alan qui restera à notre époque. Au retour du clavier, Alan se le fait voler. Les trois compères le retrouvent entre les mains de skinheads. Ils s’en sortent en leur volant le clavier et en l’utilisant pour se retrouver dans le futur. Ils reviennent ensuite dans le passé, à la sortie des classes. Alan remonte sans tarder un peu plus loin dans le temps afin de sauver Maxime. Il est rassuré, car Raf et Martin le sauveront de l’hôpital après l’accident. Durant la nuit, Alan revient quelques minutes pour confirmer à Raf qu’il s’en est bien sorti.

Francine Pelletier nous livre ici la troisième aventure de Rafaële. Cette fois-ci, la jeune protagoniste se familiarise avec le voyage temporel. Il est difficile d’écrire une histoire de voyage dans le temps puisque tous les détails, même les plus petits, ont leur importance. De plus, Pelletier ne se facilite pas la tâche puisque le principal voyageur temporel, Alan, vient dans le passé pour se rendre compte qu’il n’est pas revenu assez loin, mais que dans son propre futur, qui est le passé des personnages, il retournera avec succès au moment où il doit sauver le jeune Maxime. Ces doubles voyages dans le temps ont pour conséquence qu’Alan se dédouble : il est en même temps avec Raf et Martin, et à l’hôpital, à la suite de l’accident.

Cela semble bien compliqué et, effectivement, il n’est pas toujours facile de tout suivre et de tout comprendre. Cependant, il n’y a aucune erreur de logique ; le tout se tient, se suit et s’explique. Un débat est aussi enclenché entre Raf et Alan, ce dernier refusant de divulguer des informations sur l’avenir, prétextant que cela pourrait changer le futur, alors qu’il modifie lui-même l’avenir en sauvant Maxime. Alan rétorque en précisant qu’il ne modifie rien, qu’il ne fait que rétablir les faits. Le futur où Maxime reconnaît Alan existe déjà, donc il est essentiel qu’il se mêle du passé pour que le futur demeure intact. Pour bien saisir tous ces liens entre passé, présent et futur, une deuxième lecture peut toutefois s’avérer nécessaire.

Nous apprenons aussi dans ce roman que Raf a le don d’empathie : elle perçoit les émotions des gens. Son beau-père possède également ce talent. Et Alan lui apprendra que, dans le futur, plusieurs personnes détiennent cette aptitude. Grâce à ce don, Raf peut « pénétrer » dans la tête des gens et ainsi lire leurs pensées et ressentir leurs émotions, ce qui lui permet de comprendre que, malgré les mensonges d’Alan lorsqu’il raconte sa première histoire, le fond de l’histoire est réel puisqu’elle perçoit sa sincérité. Cette faculté que possède Raf, bien qu’utilisée à quelques reprises, n’a pas de rôle central dans cette aventure.

Francine Pelletier livre donc un roman captivant, bien que l’intrigue soit parfois difficile à saisir à la première lecture. Malheureusement, les jeunes qui ont l’habitude de relire sont bien rares. Ils risquent donc de trouver que l’aventure de Raf est effectivement bien bizarre… [LA]

• Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 152-154.

• Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1993, p. 25.
• Desroches, Gisèle, Le Devoir, 22/23-05-1993, p. D4.
• Dupuis, Simon, Lurelu, vol. 16, n˚ 2, p. 19.
• Martel, Julie, Samizdat 24, p. 35.
• Martel, Julie, Solaris 105, p. 46.
• Martin, Pierre, Temps Tôt 26, p. 35-36.