À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un homme désespéré à la suite d’une rupture amoureuse prend une bière dans un bar. Un inconnu vêtu de noir et portant un étrange masque moulant et réfléchissant l’approche. D’abord en colère devant l’irruption, l’homme se prend à discuter et à apprécier le point de vue de l’autre, proche du sien sur des sujets qui lui tiennent à cœur. À son départ, il remarque le livre que l’autre a oublié. Il l’ouvre à la page désigné par le signet.
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Commentaires
Auteur associé par ses romans à la littérature de jeunesse, Denis Côté nous donne avec « Boîte crânienne » sa deuxième nouvelle de SF pour adultes. De cette écriture simple qui le caractérise de plus en plus, il développe une histoire fort ambiguë. Car si, au premier degré, on a tendance à penser à une énième version de la rencontre de soi à travers le temps, la relecture nous confronte avec un fait embarrassant : jamais il n’y a confirmation claire de ce premier degré. Barjavel est bien sûr dans le décor avec son Voyageur imprudent. Et alors ? Qui nous dit que l’étrange apparition n’est pas un ami du personnage central qui veut l’aider, ou encore une projection fantasmatique du même personnage, sorte d’alter ego qui reléguerait alors « Boîte crânienne » dans le domaine du fantastique ? N’y parle-t-on pas par hasard de Spirits in a material world du groupe The Police ?
Un texte très riche malgré l’apparente simplicité du thème et de l’intrigue. Une nouvelle de grand cru qui laisse croire que Côté, en plus d’être un bon romancier pour adolescents, serait à tout le moins un excellent nouvelliste. [JPw]
En s’inspirant du Voyageur imprudent de René Barjavel (paradoxe temporel) et d’une chanson de The Police (projection de l’esprit), Denis Côté joue sur deux niveaux d’interprétation qui enrichissent certes « Boîte crânienne » mais nous laissent aussi sur notre faim.
Le thème du paradoxe temporel, à nos yeux prépondérant, propose une variante qui n’est pas suffisamment prégnante et significative en comparaison de ce qui a déjà été fait. En outre, dans cette nouvelle d’atmosphère, l’écriture est très sèche, sans effet, très (trop) simple et participe de ce fait à la déconstruction de cette atmosphère de lassitude morale, de découragement.
Le texte de Denis Côté ne suscite pas le suspense de ses romans pour adolescents ni la controverse qui faisait de « 1534 » un texte fort et dérangeant.
Par ailleurs, si l’on soumet « Boîte crânienne » à une tentative d’analyse psychocritique, éminemment subjective, ce texte peut révéler des choses pour le moins surprenantes. Le visiteur tout de noir vêtu ne représente pas le côté négatif du narrateur, comme on pourrait s’y attendre, mais une image idéalisée puisqu’il l’associe à un héros de son enfance, le justicier Zorro. Par contre, ce miroir qui lui tient lieu de visage renvoie au protagoniste l’image déprimante de sa condition. Cette ambivalence souligne la menace schizophrénique qui guette le narrateur. C’est peut-être cet aspect qui rend le texte malgré tout inquiétant et fait sa valeur, au-delà de son apparente et affligeante simplicité. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 55-56.