À propos de cette édition

Éditeur
Stop
Titre et numéro de la collection
Jeunesse
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Paru dans
Évasion
Pagination
109-146
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Cynthia, une enfant de six ans, a été abandonnée par sa mère et est négligée par son père. Elle est laissée à la garde de sa jeune tante Sabine pour un quatrième soir d’affilée. Les multiples frustrations et la soif d’amour de Cynthia s’incarnent, dans son cauchemar, sous la forme immatérielle du Croque-Mitaine venu la venger. Le monstre est réifié dans la maison : il cause de multiples perturbations dans le fonctionnement et le comportement des objets (ampoules qui éclatent, escalier qui se tord, etc.) et il poursuit Sabine apeurée qui fait pourtant face au monstre, avec succès, après avoir compris par quel phénomène il est apparu.

Autres parutions

Commentaires

Ce texte de Stanley Péan comporte de nombreuses qualités : une grande efficacité dans les effets due à la structure impeccable du récit. D’entrée de jeu, l’auteur installe déjà le malaise de la narratrice qui semble avoir une nature sensible et inquiète. Ce qui n’est que soupçons et doutes prend de l’ampleur et les phénomènes inexplicables finissent par s’accumuler et créent ce monde parallèle fantastique terrifiant.

Certaines correspondances permettent de voir, après coup, les indices semés au long du texte : le jeu de Cynthia avec la ceinture devient le monstre fouettard ; le jeu de la poupée démembrée illustre le sort avéré du Câlinours et celui que risque de subir Sabine ; la menace de l’arrivée du Croque-Mitaine lors du coucher de la petite introduit l’apparition de celui-ci…

Comme tout bon sortilège, le mauvais sort est d’abord précédé d’un avertissement qui revient d’ailleurs à la mémoire de la victime au moment critique : « l’agressivité intérieure de l’enfant frustrée finira par se manifester… » Ainsi les terribles dérèglements sont causés, d’une part, par cette animation du cauchemar de Cynthia découlant de ses insatisfactions et de son besoin d’amour et, d’autre part, par la réalisation des peurs et de l’angoisse de Sabine, la narratrice. Seul le serment d’amour viendra à bout des forces psychologiques puissantes, destructrices et combinées et cela, à l’heure fatidique, soit minuit !

Ce récit effroyable n’est pas dépourvu d’humour « noir », puisque la narratrice, même dans les moments les plus intenses, garde un étonnant sens de la repartie : « Ç’a tout l’air que ça va être ma fête ! n’ai-je pu m’empêcher de penser, affolée. » (p. 140)

Publié dans une collection jeunesse, ce « court roman » est écrit dans un vocabulaire non puéril remarquable (aubette, stertoreuse, etc.) et sa qualité le rend intéressant pour des lecteurs de tout âge. [AL]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 144-145.