À propos de cette édition

Éditeur
XYZ
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
XYZ 39
Pagination
7-13
Lieu
Montréal
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un Montréalais, déménagé à Amsterdam, fervent de marijuana et de tequila, adore imaginer les structures internes des édifices. Un jour, après avoir fumé un joint, il recrée l’intérieur d’une banque dont le choix des briques est très original, voire douteux. Il se rend soudainement compte qu’il voit réellement à travers les briques. Il aperçoit, derrière l’édifice, une femme qui se fait voler. Pour l’aider, il court et fonce dans le mur de la banque. Depuis, il ne voit que rarement l’intérieur des bâtiments.

Commentaires

Cette nouvelle, aux odeurs de tequila et de marijuana, pourrait ne raconter qu’un délire hallucinatoire, éliminant ainsi toute trace de fantastique. Le texte recrée en effet très bien l’illusion de l’enivrement artificiel. La répétition de la première phrase « Je l’aime bien, Victor » tout au long du texte, les digressions, l’absence d’alinéas (la nouvelle est un long paragraphe de sept pages) sont utilisées afin d’insister sur l’état d’ébriété du narrateur. L’interprétation de l’événement comme une simple hallucination serait ainsi tout à fait naturelle.

Cependant, puisque le thème du numéro dans lequel cette nouvelle prend place est « Cas limite », l’interprétation de ce texte doit être un peu plus ambiguë, la limite étant ici précisément entre l’hallucination et le phénomène fantastique. En effet, la fin du texte crée des doutes. Bien que toute la nouvelle insiste sur l’intoxication à l’alcool et à la drogue du narrateur, la présence policière, qui confirme l’agression de la femme et l’impossibilité du narrateur d’avoir vu ou entendu quoi que ce soit d’où il se trouvait, semble attester le phénomène fantastique. La figure d’autorité, représentant de la rationalité, favorise l’interprétation irrationnelle de l’événement, ce qui permet de classer le texte dans le domaine du fantastique.

On ne peut pas dire que cette nouvelle est complètement mauvaise. Ce n’est ni la première fois – et ni la dernière – qu’on associe la drogue et l’alcool à un phénomène étrange, ici réellement issu du fantastique. Par contre, l’auteur réussit à créer un rythme intéressant, qui appuie bien le propos. Ce n’est que la forme qui sauve ce texte, dont la qualité pourrait, elle aussi, être qualifiée de « cas limite ». [LA]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 50-51.