À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un homme coincé dans un bouchon de circulation se souvient bien malgré lui de son passé avant de mourir d’un infarctus. Il se détache de son corps et observe, du haut de la croix du mont Royal, l’ambulance et la remorqueuse qui viennent le secourir.
Commentaires
Des histoires où un personnage meurt et se détache de son corps pour observer sa propre dépouille, on en a lu et relu. Et c’est encore cela que nous propose Paul-André Bibeau dans cette nouvelle.
Dès le début, le lecteur devine assez aisément que le personnage est sur le point de subir un infarctus. Les indices laissés ici et là sont beaucoup trop évidents pour que cette partie du dénouement soit une surprise. On insiste constamment sur une douleur, une sensation de brûlure, dans le bras gauche, la nuque, le sternum. Au plus fort de la douleur, le personnage se met à flotter au-dessus de son corps. Le lecteur comprend sans difficulté qu’il est mort, mais l’auteur sent toutefois le besoin de le préciser au moyen de bulletins de circulation diffusés par la radio qui parsèment le texte.
Avant son décès, le personnage est pris par des souvenirs de son passé. Ainsi, lors d’une conversation téléphonique avec un ami de longue date, il imagine que cet ami (qu’il ne reconnaît pas) lui inflige des reproches en lui parlant de son passé alors qu’en réalité, son ami lui affirme qu’il a parlé seul pendant deux minutes avec une voix méconnaissable. Ces brefs moments où le personnage semble déconnecté de la réalité et où le passé le rattrape peuvent créer un effet d’étrangeté, qui annonce le dénouement final où le personnage se détache complètement de la réalité en quittant son corps pour mourir. Le fantastique de cette nouvelle est donc loin d’être original : le dénouement est prévisible et mal exploité.
Un point positif : la narration illustre bien le chaos qui peut régner dans un bouchon de circulation et dans la vie du personnage, en entremêlant les conversations des passagers des voitures voisines, les descriptions de ces voitures, les bulletins de circulation, les conversations téléphoniques et les évocations du passé. Le texte de Bibeau n’est donc pas complètement inintéressant bien que, selon moi, il ne vaille pas un grand détour. [LA]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 22.