À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
À l’aube du premier jour du troisième millénaire, Ariane L., bio-informaticienne, se réveille à bord de la station orbitale Colombus. Sur l’écran géant de l’orditéléviseur défilent les images des principaux événements de la dernière décennie.
Commentaires
Ce texte prospectif de Patrick Emiroglou emprunte plus à la futurologie qu’à la SF proprement dite, quoique l’auteur ne soit pas un profane en cette littérature, la station orbitale Colombus étant tirée d’un roman d’Arthur C. Clarke. « Bye Bye 1999 » est en effet un prétexte pour tenter de prévoir ce qui est susceptible de se produire au cours de la dernière décennie de ce siècle.
On ne s’étonnera pas, dans ces conditions, que le décor soit à peine esquissé et que la trame narrative ne comporte aucune montée dramatique. Enfin, l’atmosphère rappelle certaines nouvelles de Francine Pelletier (je pense à « Instant ») en raison du décor où évolue l’héroïne et des pensées de celle-ci accaparées par l’homme de sa vie.
Tout cela serait de bien peu d’intérêt si la nouvelle n’était suivie d’un article qui explique sur quoi s’appuient les prévisions de l’auteur sur certains sujets : le choix du sexe de l’enfant, le métier de bio-informaticienne, le poste minicellulaire, l’orditéléviseur, etc. C’est comme si nous avions là deux versions d’une même réalité : la version “journalistique” (ou théorique) qui rend compte de l’état actuel du monde et la version “romanesque” qui anticipe les innovations technologiques, mais aussi les changements sociaux et politiques, à partir de ce que l’on sait aujourd’hui. C’est aussi une façon de saisir l’imaginaire à l’œuvre.
Accessoirement, le lecteur pourra s’amuser à la lecture de quelques prévisions : la popularité toujours aussi grande de Mitsou en 1999, le 1200e but de Wayne Gretzky (je serais prêt à mettre un 5 $ qu’il ne se rendra pas là), la dernière opération de Michael Jackson transformé en fée Sonette de Walt Disney. Il y en a aussi qui sont surprenantes (l’élection de Michael Dukakis à la présidence des États-Unis en 1996), rassurantes (la découverte d’un antidote au SIDA), banales (inondations, famines, etc.).
Curieusement, le conte futuriste d’Emiroglou demeure muet sur la situation politique du Québec. Faut dire que l’Accord du lac Meech n’avait pas encore été enterré au moment de la parution du texte, en janvier 1990. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 77.