À propos de cette édition

Éditeur
Logiques
Titre et numéro de la collection
Autres mers, autres mondes - 4
Genre
Science-fiction
Longueur
Collectif
Format
Livre
Pagination
226
Lieu
Montréal
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

[4 SF]
Au dieu marteau, de Jean Dion
Leçon de choses, de Colette Fayard (France)
Le Tiers de l'avenir, de Francine Pelletier
La Tortue sur le trottoir, de Michel Martin
Pas de dum-dum pour Mister Klaus, de Claude-Michel Prévost

Commentaires

Après Dérives 5, voici C.I.N.Q., le quatrième numéro des éditions Logiques. Hum ! je ne discuterai pas ici du choix de titre des collectifs annuels de Jean-Marc Gouanvic, qu’il suffise de dire qu’ils en­tretiennent une confusion qui me semble superflue. Parlons plutôt des textes, de leur représentativité et de leurs qualités d’ensemble.

Suivant une formule consacrée, le collectif de quatre auteurs québécois se complète d’un auteur français, Colette Fayard, une écrivaine qui déçoit rarement et dont la première nouvelle de science-fiction était parue dans les pages d’Ima­gine… Le texte qu’elle nous propose dans C.I.N.Q., « Leçons de choses », est fort honorable, belle histoire d’amour sur fond de société hiérarchisée et de pouvoirs abusifs. Le ton sobre, la qualité de la prose et la solidité de l’imaginaire font plaisir à lire.

Chez les français d’Amérique, Jean-Marc Gouanvic porte son choix sur des valeurs sûres. Jean Dion, Francine Pelletier, Michel Martin et Claude-Michel Prévost forment un quatuor aux voix déjà reconnues et applaudies. La palette des imaginaires présentés, tout comme dans Dérives 5, est d’une amplitude appréciable. Aucune thématique qui se recoupe, donc, l’unité se faisant sentir plus – comme le fait justement remarquer Jean-Marc Gouanvic dans sa trop courte présentation – dans le ton employé où passe un souffle d’espoir et d’optimisme malgré la noirceur des avenirs. Et pour conclure sur ce point, il faudrait parler aussi de sérénité d’écriture et de maturité des œuvres proposées

Deux figures dominantes dans ce collectif, chacune pour des raisons différentes. Jean Dion, d’abord, pour son imaginaire classique bien que toujours renouvelé et pour la qualité de ses prestations dans ce duo qu’est l’auteur Martin – l’autre duettiste étant Guy Sirois, ne l’oublions pas. Si Dion n’est pas celui qui génère le plus de vague autour de sa personne, il est certainement l’auteur de SFQ le plus constant du moment, produisant, nouvelle après nouvelle, des textes d’une qualité extraordinaire et qui ne déçoivent jamais, allant même jusqu’au chef-d'œuvre de temps à autre – qu’on pense à « L’Intrus » –, tout en se permettant le même degré de qualité, quoique dans un registre d’imaginaire un peu différent – Sirois y est certainement pour quelque chose – lorsqu’il signe Martin.

L’autre auteur-événement, c’est Claude-Michel Prévost qui, comme un météore, illumine la SFQ de ses feux depuis quelques années. Le ton, la poésie, la verve et la cadence de son écriture génèrent tout un monde et prouvent encore, si besoin était, que la langue française est une des plus riche qui soit et qu’elle est tout à fait propice à l’écriture de science-fiction. Dans la longue nouvelle qu’il signe et qui clôt le collectif, ce n’est pas tant l’imaginaire qui séduit – pourtant il est d’une richesse éblouis­sante – que la forme, l’angle d’attaque, l’humanité que génère la prose de Claude-Michel Prévost. « Pas de dum-dum pour Mister Klaus », c’est une poésie urbaine renouvelée, un chant d’amour à la ville malgré ses turpi­tudes, une volonté de sourire à un avenir qui ne sourit pas, un hymne à la joie de vivre dans un monde qui semble ne plus vouloir de nous.

Jean-Marc Gouanvic nous avait habitués à de bons collectifs avec sa collection d’Espaces imaginaires. Il semble continuer dans la même voie depuis qu’il est directeur de la collection Autres mers, autres mondes aux éditions Logiques.

Son seul problème demeurerait-il les titres ? [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 97-98.

Références

  • Croteau, Paul-G., imagine… 49, p. 91-93.
  • Gadbois, Vital, Québec français 78, p. 98.
  • Larocque, François, XYZ 24, p. 84-86.
  • Lord, Michel, Lettres québécoises 60, p. 30.
  • Pettigrew, Jean, Nuit blanche 39, p. 12.13.