À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
En vacances en République dominicaine, Omer Lalancette est intrigué par le récit du mystérieux naufrage de La Fortuna II, vedette de pêche affrétée par des touristes. Déterminé à retrouver l’épave, le Montréalais entreprend l’exploration du lagon et se retrouve face à face avec une autre légende locale…
Commentaires
J’ai écrit « ailleurs » tout le bien que je pense du premier recueil de Bernard Andrès ; je réitère ici mon admiration pour cette écriture soignée et soutenue, malgré une certaine préciosité, qui à elle seule fait l’unité et l’intérêt du bouquin, et dont « Cabo Merengue », la seule nouvelle relevant des genres nous intéressant ici, fournit un échantillon tout à fait représentatif.
L’intrigue est on-ne-peut-plus linéaire, voire prévisible. Pourtant, le style d’Andrès, tout en simplicité affectée, à la fois nerveux et élégant, parsemé de clins d’œil et d’incises ironiques, confère à cette nouvelle un charme indubitable. Son humour subtil, finement dosé, procède par des calembours (je pense à certains noms de personnages ; par exemple, ce Jerry Bouillon, moniteur de plongée), des récurrences de rengaines publicitaires, des allusions à des clichés littéraires associés à certains genres (notamment le roman Harlequin). Au-delà de cette drôlerie discrète, on admire le réseau thématique mis en place avec le même doigté par l’auteur, ces allusions à la musique, à la séduction du chant et des femmes qui toutes renvoient à la chute, pas réellement surprenante, néanmoins réussie et cohérente.
Toute modeste soit-elle, la réussite d’Andrès m’apparaît d’autant plus réjouissante qu’avec une anecdote aussi mince bon nombre d’écrivains moins habiles auraient carrément fait naufrage et sombré, si on me pardonne le jeu de mots. Qu’il me soit donc permis d’applaudir encore une fois Bernard Andrès pour avoir su éviter les écueils de son sujet et de souhaiter qu’il s’aventure plus régulièrement dans les eaux glauques du fantastique. [SP]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 5-6.