À propos de cette édition

Éditeur
Stop
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Stop 147
Pagination
n. p. (7 pages)
Lieu
Montréal
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Hanté par l’histoire de son père, un ivrogne violent qui s’est suicidé peu avant sa naissance, Caméléon cherche depuis une éternité à se débarrasser de son bagage génétique, sous la forme d’une valise d’ADN qu’il tente en vain de perdre quelque part.

Depuis des siècles il parcourt le monde, épuisé, malade, désespéré. Il se résout à mourir mais se rend compte au dernier moment qu’il répète les actions de son père honni. Il décide donc plutôt d’ouvrir la valise, d’où émerge un masque d’onyx qui souffle un feu dévastateur, capable de réduire la planète entière en poussière. Caméléon refuse cette destruction de toute sa volonté ; il rouvre les yeux sur une valise vide et une Terre intacte.

Commentaires

La nouvelle n’est pas aussi directe que dans le résumé ci-dessus, car elle est parsemée d’éléments métafictionnels. Ainsi, le narrateur nous explique le passé de Caméléon pendant que ce dernier s’est évanoui, tout en se plaignant que son protagoniste lui cache des éléments de sa vie. Caméléon menacera d’ailleurs de mettre un point final au récit si dans trois pages il n’est pas séparé de sa damnée valise.

On est donc devant un texte qui joue surtout sur la forme. Déjà que le moteur de l’action repose sur l’actualisation d’une métaphore qui relève du calembour vaseux et me paraît donc incapable de supporter un poids narratif quelconque, à moins de demeurer dans le registre de la blague. Il est vrai que les apartés du narrateur porteraient à croire qu’il s’agit bel et bien d’une plaisanterie littéraire. Mais l’histoire de Caméléon est quand même celle d’un adolescent malheureux, hanté par le spectre de son hérédité, condamné à errer des siècles durant.

Combiner la blague et la tragédie est fort difficile ; ce n’est pas la première fois que je m’en plains comme critique. Je trouve qu’ici encore le résultat ne convainc pas – il faut dire que je ne suis pas un grand fan de la métafiction non plus, en tout cas pas au niveau que l’on retrouve dans ce texte. L’auteur était assez jeune pour s’enivrer des possibilités du jeu narratif, et le texte est paru dans une revue qui affectionnait particulièrement ce type d’exploration. À classer donc au rayon des expériences sans débouchés que l’on a déjà oubliées. [YM]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 154-155.