À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Pascal Berthault, l’ami de Camille, est pris dans une intrigue qui concerne son père architecte : l’homme a disparu, le fils est enlevé. Les deux jeunes jumelles, télépathes, se lancent sur la piste qui les mène dans le Vieux Montréal. Entre-temps, des toiles disparaissent des musées du secteur – ou plutôt, les cadres et les toiles demeurent mais les images s’effacent ! Il s’avère qu’Ernest Descôteaux, vieil ami de monsieur Berthault, s’est tourné vers le crime pour se venger d’un congédiement. Il avait conçu « l’artdinateur » pour restaurer le patrimoine québécois ; il en inverse le code pour faire disparaître les peintures. Dominique est capturée à son tour mais, grâce au lien télépathique avec sa jumelle et à son pouvoir d’influencer mentalement une autre personne, elle fait échec au sinistre projet du conservateur renégat et cause son arrestation.
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Commentaires
Très vite, on apprend à reconnaître les particularités du style de ce tandem en "ette" : les points d’exclamation à tout propos, les monologues intérieurs dépourvus de naturel, et surtout les dialogues d’un registre bien au-dessus de ce qu’il devrait être. « Quel pourrait être le dénominateur commun entre ces trois types d’édifices ? » demande l’une des fillettes, qui a au plus onze ans (p. 38). « Il est temps qu’on vous fasse partager la particularité de notre gémellité » dira sa sœur plus loin (p.72). Comment croire à un personnage d’enfant dissertant sur « les particularités de sa gémellité » ?
L’intention didactique semble aussi faire partie du projet littéraire du tandem Chevrette/Cossette : plan du vieux Montréal, énumération de ses édifices historiques. À côté de cela, on trouve pourtant de grossières fautes de français comme « Camille ne met pas long à cerner la situation » (p.65).
On hésite sur le genre à donner au roman, la télépathie pouvant relever autant de la SF que du fantastique – et même du roman général, suis-je tenté d’ajouter, tant cette faculté des jumelles est délibérément banalisée (dans le texte, un petit téléphone encerclé indique le début et la fin de chaque réplique "télépathisée"). Mais à cause de l’artdinateur et du motif du savant fou, je penche vers la SF. Le personnage de Descôteaux est le stéréotype du "vilain" du roman enfantin : « Quelle idée géniale ! Ah ! Ah ! Ah ! », ricane-t-il en page 53. « J’ai tous les pouvoirs dorénavant ! […] Vite, continuons mon œuvre de maître ! Quel grand génie je suis ! […] Je peux tout, tout détruire ! […] Il n’en restera plus aucune trace ! Ah ! Ah ! Ah ! » (p.61).
L’os, bien sûr, c’est cet « artdinateur » qui peut restaurer, rendre éternelle ou effacer une peinture, à distance et sans appareil intermédiaire, sans "effecteur". « Mais comment peut-on faire disparaître une gravure ? Qui va me donner la réponse à cette question ? » demande une des filles à la page 47. Les auteures ne lui donneront pour réponse que ce complexe algorithme : « Données positives = RESTAURER, données négatives = DÉTRUIRE » (p.53). Un auteur imaginatif, maîtrisant quelques rudiments de SF et ayant des connaissances scientifiques élémentaires, aurait forgé une pseudo-explication, par exemple un traitement chimique qui aurait été préalablement appliqué aux toiles et dont l’effet serait déclenché par un appareillage intermédiaire, tout compact fût-il. Rien de cela, ici. L’ordinateur est désormais traité, en littérature de jeunesse, comme la baguette magique du récit merveilleux, sans qu’on sente le besoin d’en expliquer, ne fût-ce que sommairement, les principes de fonctionnement, pas plus qu’on expliquait comment opérait la baguette du conte de fées. [DS]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 313-314.
Références
- Sernine, Daniel, Lurelu, vol. 30, n˚ 3, p. 81.