À propos de cette édition

Éditeur
Coïncidence/Jeunesse
Titre et numéro de la série
Onyx - 2
Titre et numéro de la collection
- 1
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
150
Lieu
Iberville
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Ayant reconstitué les ressources les plus extraordinaires de l’ordinateur Onyx qu’ils avaient eu brièvement en leur possession (dans L’Ordinateur égaré), Philippe Blondeau et ses amis se préparent un séjour dans le monde imaginaire qu’ils peuvent mettre en mémoire informatique. À l’aide d’électrodes posées sur leurs tempes, Philippe, sa sœur Line, Matthieu et Louis laissent leur corps dans les fauteuils du monde réel alors que menta­lement, ils s’isolent pour treize jours dans ce qu’ils appellent le Grand Village tandis que le reste de la famille Blondeau en vacances leur laisse la maison. Mais un sbire de l’agence Abri, Antoine Dufour, blessé à la tête par Matthieu lors d’une bagarre dans le roman précédent, veut se venger du groupe. Il entre chez les Blondeau, devine ce qui se passe et prend le contrôle de l’ordinateur : il est désormais maître du monde imaginaire d’où les quatre adolescents ne peuvent sortir. Il prépare aussi un piège pour Jean Blondeau, leur père, à qui il en veut autant. La police, alertée par un médecin qui a suivi le cas de Dufour et le croit dangereux, viendra l’empê­cher de mener ses noirs desseins à terme.

Commentaires

Le médiocre roman que voilà ! Tous les défauts de l’écriture de Pierre Pigeon sont au rendez-vous, avec nulle direction littéraire pour les amoin­drir car l’auteur est son propre éditeur. On retrouve son obsession de faire image à tout prix, ob­session qui résulte en images forcées, tirées par les cheveux, parfois ridicules, comme « un soleil musclé » ou « l’étonne­ment le plus farouche ». Parfois, il ne s’agit pas du désir de faire image mais d’une simple incompétence, et cela donne « … l’irritation l’a vite gagné. Répandue dans son corps, elle (la hargne) arrose le moindre de ses mouvements » ou encore « il ne parvient même pas à articuler les paupières ».

Les dialogues manquent totalement de naturel : tous les personnages, quel que soit leur âge ou leur statut (y compris le débile léger qui veut se venger) parlent comme… un narrateur de roman.

Cauchemar au pays d’Onyx est d’une prolixité (que j’aimerais appeler bavardise) exaspérante. Il s’étire de logomachie en discussion tandis que l’intrigue avance à pas de tortue durant la première moitié du bouquin. Puis, lorsqu’on y est enfin, les possibilités de l’idée de base sont à peine exploitées. Les périls auxquels sont exposés les jeunes imprudents sont de médiocre envergure : une mouffette, un pitbull, une tempête de neige à l’intérieur d’un hall d’hôtel… Une seule fois Pigeon fait-il preuve d’imagi­nation, avec ses quelques centaines de plongeurs qui sautaient d’un petit avion vers un lac pour le divertissement des spectateurs, et qui reviennent les hanter lorsque l’affaire se corse.

La situation est assez clairement SF, et on ne peut s’empêcher de songer au cyberspace de William Gibson, le temps de conclure qu’une comparai­son ne mérite même pas d’être faite. Il y a un os, ou plutôt deux, et ils sont de taille : cet ordinateur de fabrication contemporaine est capable de lire les pensées, et un simple technicien a pu reconstituer un tel ordinateur dans un sous-sol familial. L’auteur n’esquisse même pas l’effort d’expliquer comment un ordinateur peut lire, à distance et sans intermédiaire, quelque chose d’aussi intangible et insaisissable que la pensée humaine.

Un mot enfin sur l’objet livre : il est imprimé sur papier de qualité journal, grisâtre, en caractères gras qui remplissent des pages presque dépourvues de marges. L’illustration de la couverture est assez laide, la maquette plutôt surchargée. On y rencontre des titres de chapitre aussi fins que « La poésie des très nombreux souvenirs d’enfance de Matthieu Leclair ». La couverture mentionne comme public les 11-14 ans, mais il me semble que les jeunes lecteurs méritent mieux. [DS]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 167-168.