À propos de cette édition

Éditeur
HRW
Titre et numéro de la collection
L'Heure plaisir - 17
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
120
Lieu
Laval
Année de parution
1996
ISBN
0039275906
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Lucas, treize ans, a pris un emploi d’été comme garçon de ferme. Au lendemain d’une soirée où il a eu la chance de danser avec la jolie Isabelle, Lucas constate sa propre invisibilité dans les miroirs et autres surfaces réfléchissantes. À la bibliothèque du village, il fait la connaissance d’un vieil hurluberlu, à qui il révèle son problème inédit. Cet Aristide, qui possède lui-même une bonne collection de livres « occultes », conclut qu’en brisant accidentellement sa glace un soir de pleine lune – c’est effectivement ce qui est arrivé la veille –, Lucas a « libéré » son reflet, lequel erre dans le village. Son comportement, tout l’opposé de celui de Lucas, cause des ennuis au « vrai » garçon, entre autres un moment de jalousie chez Isabelle, la colère d’un fermier et d’un quincaillier chez qui le sosie a commis des vols.

Avec son amie, Lucas se lance à sa recherche, sans trop savoir comment il le renverra dans son anti-monde. La réponse vient d’Aristide : Lucas a quarante-huit heures, à compter de l’incident initial, pour remettre son double en contact avec une surface réfléchissante, quelle qu’elle soit. Ce qui s’accomplit, accidentellement, après poursuite, confrontation, brève arrestation, combat en bonne et due forme autour du vieux moulin. La surface d’un étang, où tombera le double, s’avérera la solution fortuite.

Commentaires

Passons vite sur cette conception du livre jeunesse « facilitant » qui implique, entre autres, de proposer une liste des personnages au début du roman. Ce n’est pas comme si le jeune lecteur avait entre les mains l’un des tomes du Trône de Fer (où la liste équivalente fait 35 pages).

Discutons un peu de ce diktat de la narration en « je », narration qui aurait l’heur d’intéresser davantage le lecteur. Cette conception a aussi cours en littérature générale, mais c’est fréquent en littérature pour la jeunesse. La difficulté réside toujours – pour ce lecteur-ci du moins – en l’impossibilité de croire à un narrateur de treize ans qui émaille son récit de protubérances, d’escarpements, de pittoresque, d’indomptée, de rassérénée, de hallier, de galvanisée, de méticuleusement ou d’inopinément… D’ailleurs, un directeur littéraire alerte aurait sévi contre l’abus d’adverbes en « …ment » (trois en cinq lignes, par exemple, en page 74).

Ce regard externe, lorsque aiguisé, constitue souvent la bouée de sauvetage d’un auteur, ou d’une auteure. Nadya Larouche, par exemple, impose à son jeune personnage, durant tout une après-midi, de trimballer un sac à dos chargé de produits de la quincaillerie. Elle le fait tomber à la rivière avec cette charge mais lui permet de remonter à la surface et même d’aider son amie aussi malchanceuse à regagner la rive, tout cela alors qu’il ne sait pas tellement nager. Ledit sac – dont le contenu a d’ailleurs été dûment détaillé au début – reparaît sur le dos de Lucas après la baignade inopinée, dos qu’il n’a clairement jamais quitté.

Mais bon. Madame Larouche a manifestement du vocabulaire ; son écriture est irréprochable. Son récit file sans temps mort, la confrontation de l’avant-dernier chapitre se déroule de manière enlevée, quoique prévisible (un peu à cause de l’illustration de couverture, assez laide par ailleurs). La prémisse du roman est de celles qu’il ne faut pas trop gratter (le reflet de Lucas est son double parfait, y compris dans le dos de sa veste – pourtant, on ne voit jamais son propre dos dans un miroir), mais bon (bis), il ne faut pas trop exiger d’un petit roman lu en une heure. [DS]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 118-119.

Références

  • Gagnon, Danielle, Lurelu, vol. 20, n˚ 2, p. 27.