À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Musée de la civilisation/XYZ
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Contes et Récits d'aujourd'hui
Pagination
19-23
Lieu
Montréal
Année de parution
1987

Résumé/Sommaire

Une clocharde rencontrée dans un parc affirme à la narratrice qu’elle est une fée. D’abord sceptique, elle doit se rendre rapidement à l’évidence. Invitée par la vieille femme à faire un vœu, elle pense d’abord à soi (un amour durable), puis aux autres (la disparition du nucléaire, la fin de l’apartheid et autres problèmes mondiaux). Finalement, elle lui demande de la transformer en fée, mais l’autre l’en dissuade en lui faisant entrevoir ce qui l’attend.

Commentaires

On trouve dans ce texte un beau condensé des thèmes qui parcourent l’œuvre d’Anne Dandurand : la beauté urbaine, les problèmes sociaux, le doute existentiel. Ne manque que l’érotisme. Même si l’auteure fait preuve d’une conscience aiguë de la réalité, on sent cependant un certain apaisement des passions et une volonté de transcender l’angoisse existentielle qui marquait les relations entre les personnages, notamment les relations homme/femme. La narratrice assume ses pulsions premières et développe une belle complicité avec la vieille femme.

On assiste ainsi à un déplacement des objectifs du personnage de la narratrice sans que cela soit perçu comme un aveu d’impuissance. Dans « Ce n’est pas rose du tout d’être une fée », Anne Dandurand refuse les réponses toutes faites aux problèmes du monde car elle a compris la valeur très aléatoire et relative de l’utopie selon la vision personnelle de chacun. Elle ne cherche pas vraiment à transformer le monde, en dernière analyse, mais bien à s’y adapter. Elle préfère agir à son niveau et rendre sa vie plus acceptable.

Le texte est teinté d’un humour douloureux, d’une sensibilité douce-amère qui établit une certaine distance chez la narratrice, comme un réflexe d’autodéfense. De plus, l’intercession de la fée sert d’abri contre les assauts du monde.

Par ailleurs, celle-ci introduit une réflexion intéressante sur l’immortalité. Là encore, l’auteure écarte cet élément utopique car pour un être immortel, la vie perd sa saveur en ne lui permettant pas d’assumer le poids d’un investissement personnel à l’aune duquel se mesure le sentiment d’exister. L’insatisfaction de la fée n’est pas sans rappeler le malaise existentiel des anges du film de Wim Wenders, Les Ailes du désir.

Anne Dandurand démontre, dans ce conte merveilleux moderne qui actualise la vision urbaine du monde, une maîtrise dans le développement du texte court. Maintenant une auteure accomplie, on aimerait la voir entreprendre des œuvres plus complexes et plus substantielles. [RB]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 72-73.