À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Paul Dumais part séjourner quinze jours chez ses parents à Rimouski après avoir annoncé à sa quasi-fiancée, Isabelle, que leur relation est terminée. La seule réaction de la jeune femme : « Jamais, je ne te laisserai me quitter… jamais. » Paul revient toutefois au bout d’une semaine et, agité, va se confier à son ami Mathieu.
Durant son bref séjour à Rimouski, raconte-t-il, il a aperçu Isabelle trois fois, toujours de dos ou de loin. Mathieu est confondu mais, l’autre ne lui laissant jamais placer un mot, il n’a pas l’occasion de lui révéler à quel point c’est impossible : Isabelle est morte le lendemain de la rupture, renversée par une voiture. Paul quitte brusquement son hôte et se lance à la poursuite d’une évanescente Isabelle, apparue à lui seul. Dans la rue sombre, sous la pluie, il est heurté mortellement par un camion.
Commentaires
Nouvelle très classique et prévisible que celle-là. Transgression, châtiment ; rien que de très moral. Paul est en effet un personnage méritant punition : impatient, impulsif, peu porté à l’écoute, pas très sociable – un air-bête, pour tout dire. Le serment prononcé par une femme à la veille de mourir devient malédiction ; le personnage déloyal n’y échappera pas. « Isabelle me hante ! », avoue Paul sans encore savoir que c’est un fantôme qui le hante. « J’ai beau me raisonner, rien à faire. La peur est là, dans ma poitrine, elle m’étrangle. » (p. 149)
La construction du récit est très compétente, commençant au retour de Paul en ville, alors qu’il tente de joindre Isabelle par téléphone, ignorant qu’elle est morte depuis une semaine. Ensuite, analepse ; puis, par le biais des confidences à Mathieu, récit des « apparitions » qui ont laissé Paul de plus en plus désemparé. Durant cet entretien, les tentatives de son ami de confier à Paul le sort d’Isabelle préparent le lecteur à la révélation ; l’impétueux personnage est le seul à ne pas deviner la vérité. Le dénouement n’aura surpris que le plus vierge des lecteurs, celui qui n’aurait jamais lu de fantastique canonique.
Je n’ai eu en mains que la nouvelle « Ce que femme veut… » et non le livre complet de Monique Champagne. Impossible donc de savoir si l’anarchie régnant sur les conventions typographiques (imputable à l’éditeur) et celle gouvernant les temps de narration (imputable à l’auteur et à l’éditeur) caractérisaient tout le recueil. [DS]
- Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 42-43.