À propos de cette édition

Éditeur
Le Passeur
Titre et numéro de la collection
L'ASFFQ
Genre
Science-fiction
Sous-genre
Voyage spatial
Longueur
Novelette
Paru dans
L'Année 1989 de la science-fiction et du fantastique québécois
Pagination
253-269
Lieu
Beauport
Année de parution
1990

Résumé/Sommaire

Jacques Sahid, écolotechnicien (ou “chiotech”), se trouve de plus en plus souvent obligé de déboucher des toilettes, à bord du Viridiana. Le problème des conduites obstruées prend des proportions alarmantes et on découvre que les circuits écologiques de l’immense vaisseau ont été sabotés par l’introduction d’un champignon microscopique à croissance fulgurante. Au point qu’il faille remettre en question l’expédition – dont le mandat, connu des seuls officiers supérieurs, était d’aller mettre au pas la colonie indépendantiste de Constance. On décide de transférer les troupes à bord des quatre autres vaisseaux de l’expédition, mais trois d’entre eux s’avèrent être infectés de la même manière. On apprendra que c’est l’une des écolotech, collègue et amoureuse de Jacques, qui a exécuté le sabotage en appui aux colons de Constance.

Commentaires

Joël Champetier (à ne pas confondre avec Jeannoël Chouinard, malgré la similitude des initiales et des syllabes) évolue avec brio sur la corde raide qu’il a choisie comme parcours : aborder un sujet délicat mais réaliste, susciter le dégoût sans être vulgaire, faire en sorte que ce dégoût concerne la situation mise en scène et non le texte ou l’auteur. Les textes d’horreur (ou, plus généralement, de malaise) les plus efficaces sont ceux qui parviennent à jouer sur nos phobies et nos répulsions les plus intimes. Or, qui d’entre nous n’est pris de répugnance à la perspective de devoir déboucher une cuvette, vider une fosse septique, circuler dans des égouts ?

Avec une part d’humour, Champetier exécute tout cela en relevant le défi de la science-fiction savante (hard sf en anglais) dont son collègue Luc Pomerleau déplorait avec raison la rareté en SFQ, dans deux articles publiés par Solaris en 1989. Douterions-nous de l’intention de Champetier, que son invention humoristique du Butylophilus pomerlotropus nous éclairerait.

La biotechnologie n’est d’ailleurs pas la seule science servant de substrat à la nouvelle : le fonctionnement même des vaisseaux, très discrètement évoqué, obtiendrait sans doute l’assentiment d’un astrophysicien (ouvert à la SF, bien entendu). Joël Champetier conjugue avec bonheur ses compétences de technicien, la curiosité scientifique qui va de pair avec cette formation (ou qui en est la cause), avec un talent littéraire indéniable et une discrète sensibilité aux questions humaines et écologiques.

En tout cas, il y a dans ce texte une leçon pour Jeannoël Chouinard : on peut fonder une excellente fiction sur la merde, mais il faut savoir écrire et avoir du jugement. [DS]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 50-51.