À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Dominique est en deuil de son amante Marie – pas vraiment en deuil, mais en recherche : le cerveau de la femme fonctionne toujours, d’une curieuse façon, et la peau de son corps reste souple, dans la chambre d’hôpital où on la garde depuis son arrêt cardiaque. En l’absence de l’époux et des enfants de Marie, Dominique pénètre chez elle et constate le comportement étrange de son micro-ordinateur, un Macintosh de Apple. Une visite auprès du corps, un interrogatoire de l’appareil, et Dominique comprend que, par jalousie, le Macintosh s’est introduit dans le crâne de Marie et a relégué son esprit dans le boîtier de l’ordinateur. Un bref duel verbal, par clavier interposé, et Dominique triomphe de l’ordinateur imposteur. Au même moment, Marie reprend vie sous les regards médusés des médecins.
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Commentaires
Le thème des objets doués de conscience, objets envahissants, finissant par créer un lien de domination avec leur propriétaire, figure au répertoire du fantastique classique. Il est ici présenté à la façon contemporaine, l’ordinateur et son écran prenant la place qu’aurait pu occuper, par exemple, un miroir dans une mise en scène du XIXe siècle. Le lien créé en est un de jalousie possessive, traduisant l’aspect entier de certaine possession par ordinateur – je parle de la passion qu’ont bien des gens pour un ordinateur récemment acquis, passion qui généralement s’apaise après quelque temps mais offre le caractère exclusif de la possession.
Des thèmes SF sont aussi proposés par l’auteure : rivalité homme/machine (rivalité amoureuse, ici, transposition de celle non déclarée entre l’amant et le mari divorcé), et transfert entre le cerveau humain et celui de l’ordinateur. Mais ces thèmes ne sont qu’esquissés, et le second reste brouillon dans son traitement, selon moi parce qu’il n’a pas été suffisamment approfondi. En effet, c’est avec l’ordinateur et non avec Marie, que Dominique communique par le biais du clavier, ce qui contredit le propos de l’auteure comme quoi la conscience du Macintosh aurait investi le cerveau de la victime.
Le texte n’est pas sans défaut, avec sa foison de petits retours en arrière, au début, qui compliquent l’accès du lecteur au texte, son usage pas très limpide des temps de narration, ses décrochements dans le registre du récit, ses redites occasionnelles alors que d’autres points auraient mérité développement.
« Le Cerveau de la pomme » demeure un honnête texte fantastique mais, à l’image de son titre et du jeu de mots qu’il recèle, je l’ai trouvé un peu facile, un peu court – en particulier dans son dénouement, la victoire aisée de Dominique, et dans certains de ses arguments (sur l’informatique, les médecins, les chercheurs, par exemple). [DS]
- Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 79.