À propos de cette édition

Éditeur
L'A Venir
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Paru dans
Temps Tôt 35
Pagination
7-28
Lieu
Bromptonville
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le narrateur voyage à pied dans une région de la France. Invité au presbytère d’un curé, il voit sur l’un des murs une peinture qui l’intrigue. L’ecclésiastique lui apprend qu’il s’agit d’une représentation de la légende des chaînes de saint Léonard et lui en fait le récit.

À la fin du haut Moyen Âge, une jeune femme, Aquiline, est identifiée par deux moines de l’Ordre du Paraclet comme étant la réincarnation de saint Michaël le Bras du Seigneur. Forcée par les moines inquisiteurs de tuer injustement son mari pour cause de goétie, Aquiline exercera une vengeance terrible sur les habitants de Nigelle.

Commentaires

Cette nouvelle historico-fantastique est une excroissance du cycle de Nigelle (cinq romans) paru entre 1997 et 2000. Elle a sans doute été inspirée à l’auteur au moment où il faisait ses recherches pour sa série.

Là n’est pas le problème. Le narrateur qui sillonne à pied le département de l’Orne, c’est probablement l’auteur qui, le sait-on ? est un adepte de la randonnée pédestre. Sa connaissance du terrain ne saurait être mise en doute, ni même l’existence de la peinture qu’il décrit. Toutefois, ce qui manque dans ce texte, c’est une mise en contexte historique. D’où vient cette légende ? Il faut consulter l’ouvrage de l’abbé Arbellot, Vie de saint Léonard, paru en 1863, pour en connaître un peu plus : « Un sire de Courcy, qui avait accompagné saint Louis aux croisades, tomba au pouvoir des musulmans, et fut chargé de chaînes. Le chevalier croisé promit par serment que, si saint Léonard le délivrait, il ferait don à l’autel du Saint, en rentrant à Courcy, d’une chaîne d’argent. »

Les enjeux ne sont pas clairs dans cette nouvelle. Quel est le rapport entre saint Michaël (saint Michel), qui prend différentes incarnations, et saint Léonard dont les chaînes constituent un redoutable instrument de détection des impies ? À quoi a servi le premier exorcisme d’Aquiline si saint Michaël a réintégré son corps ? Pourquoi Aquiline a-t-elle été reprise par les moines et obligée de tuer son mari Agnan ? Tout cela est confus. Certes, on comprend que les moines de l’Ordre du Paraclet se servent d’elle – de l’âme de saint Michaël – pour châtier ceux qui échappent à l’influence de l’église tout en ne se salissant pas les mains mais trop de questions demeurent sans réponses.

Jean-Louis Trudel n’est visiblement pas très à l’aise dans ce genre de texte qui dénonce l’obscurantisme et le fanatisme religieux sous couvert de servir le Bien. L’écriture est lourdaude, peu inspirée, et malgré les efforts de l’auteur pour recréer l’époque (un peu avant l’an mil, « entre la fin de l’Empire roman et la constitution de l’État anglo-normand de Guillaume le Conquérant ») en utilisant des mots de l’ancien français (occire, mie, cuider, manse), le lecteur que je suis n’a jamais été en mesure de se laisser emporter par le récit.

Quand Jean-Louis Trudel se prend pour Maurice Druon, cela ne m’incite guère à me plonger dans le cycle de Nigelle. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 181-182.