À propos de cette édition

Éditeur
Horrifique
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Horrifique 1
Pagination
5-21
Lieu
Mistassini
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Partis faire une randonnée en motoneige, Christian Boucher et son ami sont surpris par une violente tempête de neige. Ils trouvent refuge finalement dans un vieux chalet abandonné. Inhabité, vraiment ? Christian a l’impression d’être épié, observé… Son sentiment d’oppression grandit au fil des heures tandis que la nature continue de se déchaîner.

Commentaires

Claude Bolduc revisite dans cette nouvelle le thème classique du bâtiment hanté en lui conférant un propos écologique qui surprend. Une lutte sans merci se joue sous nos yeux qui oppose la nature à la civilisation moderne. La première, personnifiée par l’ermite qui vivait autrefois dans le chalet, crie vengeance car elle est saccagée par les humains, instrument des assauts de la seconde, illustrée ici par la motoneige. « Une motoneige émerge, écrasant buissons et jeunes arbres. Il y en a d’autres qui suivent. »

Dans cet affrontement de deux forces aussi impitoyables l’une que l’autre, l’homme apparaît une donnée négligeable. Christian a le malheur de troubler la quiétude de la forêt, d’autant plus que la motoneige qu’il conduit réveille de mauvais souvenirs chez l’entité qu’il profane. Le chalet présente en effet les caractéristiques d’un être organique faisant intrinsèquement corps avec la nature. Celle-ci ne fait pas de distinction entre les motoneigistes qui pratiquent leur loisir dans le respect de l’environnement et ceux qui saccagent la forêt, de la même façon que les catastrophes naturelles frappent sans discernement les humains.

Claude Bolduc installe une montée dramatique intéressante, bien dosée, mais qui, en s’étirant un peu trop, met notre patience à l’épreuve. De plus, les deux courts passages en italiques prêtent un peu à confusion alors qu’ils devraient nous éclairer sur le comment du pourquoi. Ils semblent tenir de l’éclair de lucidité dans l’état de conscience de Christian, le premier flash révélant de façon laconique le sort de celui qui a habité ce chalet, le second, telle une prémonition, préfigurant le sort qui attend Christian.

Malgré ces quelques bémols, l’auteur démontre une belle maîtrise de l’écriture mais, surtout, une impressionnante capacité à transformer un banal récit de confrontation entre la nature et la culture en un affrontement archétypal qui dépasse largement le destin d’un individu. « Le Chalet » ne serait-il pas, avant la lettre, un véritable récit d’écoterrorisme qui brouille judicieusement la trop attendue dichotomie bien-mal ? [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 25.