À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
La jeune héroïne, narratrice du récit, vit dans une société matriarcale où la tradition orale, transmise par les Conteuses et les Philosophes, joue un rôle prédominant. Le monde de Pelagau se base sur la séparation des sexes et le refus de la communication : « C'est par le secret que l'usage perdure, et par l'usage que nous nous maintenons ». L'héroïne voit son frère Joël chassé par sa mère et par le village. Elle observe ensuite les préparatifs du départ des femmes pour l'île interdite ; au solstice d'été, les femmes délaissent le village pour revenir, au bout de trois jours, hagardes et silencieuses. La petite fille interroge abruptement le pourquoi de cette tradition : elle voit s'isoler Caëmel, sa sœur, qui va accoucher, son frère pleurer à son départ… Elle apprend la vérité en allant épier le rite dans l'île ; celui-ci ressemble à un combat où les gens semblent hébétés. L'animalité règne ainsi sur un aspect de l'homme institutionnellement opprimé par la société. « Qui se laissera repousser sans crainte apportera la vie et non la mort. Qui repoussera sans remords fera fleurir le monde ».
Commentaires
Agréable lecture que celle de Marie-Claire Lemaire dans le numéro spécial que Solaris consacre à la troisième vague. Lemaire nous invite à pénétrer dans une société exclusivement féminine où la sexualité se confond avec un rite de procréation/agression.
L'auteure esquisse de façon pertinente la société de Pelagau, ses angoisses et instincts, traduits en rituels d'agression. Si l'intrigue est mince et classique, son traitement est efficace. Le récit est soutenu par une écriture discrète et froide, semblable aux interrogations de l'héroïne. Bref, une nouvelle intéressante d'une auteure à suivre. [SB]
- Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 71-72.