À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Élisabeth Tucker se présente au Château Frontenac le 28 octobre, en pleine saison morte, et insiste bien particulièrement pour obtenir la chambre 308, pourtant en rénovation, qu’elle avait réservée un an auparavant. Lorsqu’elle l’obtient, elle se fait belle et aguichante pour son défunt mari, qui arrive bientôt pour lui faire l’amour. Leurs ébats se poursuivent toute la nuit comme lors de leur nuit de noces, cinq ans plus tôt, que Liz tente de revivre chaque année en faisant appel aux services d’un entremetteur. Le comédien n’ayant pas pris l’argent lui étant destiné, la jeune femme parle au responsable de l’agence qui lui avoue que son employé n’a pas pu se présenter…
Autres parutions
Commentaires
Bien que ce type d’histoire soit peu original, cette nouvelle a le charme de surprendre. Sa première moitié s’inscrit dans un réalisme sans ennui ni longueur, puis on bascule dans le fantastique par une seule phrase, celle qui nous révèle que le mari s’est approché d’Élisabeth « comme s’il n’était pas mort ». À partir de ce moment, il est facile d’assumer que toute l’action tient du fantastique : le couple qui se retrouve annuellement parce que l’amour serait plus fort que la mort. Cependant, la dernière partie du texte, celle où Liz remarque que le comédien a omis de prendre son salaire, désamorce d’abord la perspective surnaturelle pour nous ramener dans une réalité plutôt froide par ses préoccupations (l’argent, la relation d’affaires, le retour à la maison). Ensuite, la conversation entre Liz et l’entremetteur crée un doute fort, nous renvoyant au fantastique, à propos de ce qu’elle a pu vivre en fait cette nuit-là.
C’est donc grâce à sa construction que cette nouvelle nous a paru efficace. Aborder le vieux thème de l’amour plus fort que la mort et être intéressant est un pari audacieux pour un jeune auteur, et Pierre-Luc Lafrance l’a gagné avec « Chambre 308 ». Les quelques défauts que l’on pourrait signaler, comme l’éternel cliché de l’« ultime orgasme » et le prénom de l’héroïne s’écrivant de trois façons différentes (Élisabeth, Liz, Élizabeth), entre autres, ne sont pas assez nombreux pour réellement porter ombrage à la qualité d’ensemble de ce texte. Sa brièveté nous a aussi semblé assez adéquate pour que l’effet soit juste et, bien entendu, que le charme se réalise. [VSAE]
- Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 94-95.