À propos de cette édition

Éditeur
VLB
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Œil du délire
Pagination
27-35
Lieu
Montréal
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Une jeune femme est obsédée par le destin d’une autre femme, Alexandra, qui a vécu autrefois dans la chambre qu’elle occupe. Son histoire lui a été racontée par un vieil homme qui l’avait connue et aimée jadis. La jeune femme répète les mêmes gestes que la disparue et meurt à son tour.

Commentaires

« La Chambre d’Alexandra » est composée de deux récits parallèles présentés en alternance. La jeune femme (Elle) propose une vision inté­rieure de l’histoire tandis que son ami (L’Autre), qui pourrait aussi être une femme, mais ça me semble peu probable, raconte les événements d’un point de vue extérieur. Le récit, tissé de mystère en raison du comporte­ment étrange de la femme, progresse un peu comme une enquête.

Danielle Roger livre ici une version moderne du mythe du Phénix. La jeune femme naît le 13 mars 1953, la journée même de la mort d’Alexan­dra dont elle est la réincarnation. La vision de ce qui attend l’héroïne au sortir du placard en est une de désolation, d’apocalypse : « Surgissant des eaux évanouies, un brasier, noir, hallucinant, se dressa en jetant son ombre sur les cendres qui s’enflammèrent, alors qu’un battement d’ailes traversait le silence. » Mais c’est aussi la représentation de l’amour sacrifié (les deux amoureux vivent dans le souvenir), de l’amour romantique impossible (Alexandra est atteinte de tuberculose, maladie par excellence du roman­tisme).

La nouvelle de Danielle Roger est techniquement réussie, l’ambiance angoissante bien rendue, mais la trajectoire tragique du personnage féminin n’émeut pas comme dans d’autres nouvelles du recueil centré sur l’explo­ration du désir. Ici, le personnage est renfermé sur lui-même. Il se consume et renaît de ses cendres en un système clos alors que dans la majorité des autres nouvelles, il y a ouverture, espoir même si le désir, finalement, n’entraîne qu’une immense désillusion et une solitude cruelle.

Il y a dans ce texte une démission, un fatalisme, qui rend vaine toute tentative de briser le cercle vicieux du mythe. L’immortalité, oui, mais pas à n’importe quel prix. C’est peut-être payer trop cher que d’y sacrifier l’amour. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 147.