À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le narrateur se rend à Saint-Urbain avec un ami de la région qui lui raconte la légende du château du Diable. Un habitant prospère et généreux, Pierre Legentil, développe une soudaine lubie. Il veut se faire construire un château mais il manque de fonds. Se disant prêt à vendre son âme au diable pour combler la différence, Satan lui apparaît à la tombée de la nuit et s’engage à compléter les travaux avant le chant du coq. Pris de remords et réalisant que le château sera achevé avant l’aube, M. Legentil se confie à sa servante qui s’empresse d’allumer une lanterne et d’aller au poulailler pour réveiller le coq.
Commentaires
Eugène Achard est un maître dans l’art de raconter. Il sait mettre le lecteur dans les meilleures dispositions pour recevoir son récit en présentant avec élégance le contexte dans lequel il s’inscrit. On le sent amoureux du territoire qu’il décrit et curieux de son histoire locale.
Dans « Le Château du Diable », c’est précisément le contexte qui suscite le plus d’intérêt, le thème lui-même, le pacte qui lie le fermier au diable, étant assez convenu. Je ne sais si des mines de fer ont effectivement été exploitées dans la région de Charlevoix, près de Saint-Urbain, lieu qui aurait inspiré la légende présentée ici. Elle tirerait son origine des ruines du château de M. Legentil dont tout ce qui resterait serait les pierres de fer amenées par le diable. « C’est ainsi que furent découvertes les mines de fer de la Baie-Saint-Paul. » Je suppose qu’il faut comprendre que ces pierres, par leur présence, ont servi d’indices. C’est là que commence le travail de transformation des faits, au fil des siècles, par l’imagination populaire pour aboutir à une légende.
Le nom du protagoniste est doublement symbolique : Pierre (pierre) et Legentil. Il renseigne sur le défaut (la vanité, le goût d’en imposer) du personnage et sur ses qualités de cœur. M. Legentil n’est pas un buveur ou un sacreur. Il est reconnu pour sa générosité et son hospitalité envers ceux qui sont dans le besoin. Il a tout simplement eu un moment de faiblesse, un accès de folie de grandeur, ce qui le rend encore plus humain. Encore une fois, c’est une femme qui vient, in extremis, sauver l’âme de l’homme et faire échouer le plan du diable comme dans « La Femme plus rusée que le diable » de Charles-Edmond Rouleau. [CJ]