À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le week-end du petit employé de bureau est fini. Sa routine reprend : dodo (auprès d’une femme détestée), auto, boulot. En retard ce matin-là, l’homme est semoncé par son boss. Le soir, par défoulement, il écrase un chat noir avec sa Chrysler. Le voilà soulagé, mais une fois dans le lit conjugal, il a la vision d’une fillette pleurant sur le cadavre de son chat. Mal à l’aise soudain, l’homme fait une marche dehors et s’aperçoit qu’un chat noir l’observe par les fenêtres d’une maison voisine. Dans la maison suivante, un autre chat fait de même, et cela se répète dans tout le quartier. Affolé, l’homme se met à courir, glisse sur la glace, une auto le frappe, il roule sous les roues puis, avant de mourir, il entend le rire de défoulement du chauffeur.
Commentaires
Certains éléments de ce texte sont agaçants, en particulier les allusions du narrateur à sa femme « …vieille et défraîchie… » (p. 28), qui déblatère « …sur tous les sujets insipides qui, seuls, réveillent son semblant d'intellect… » (p. 29). On croirait lire, en version littéraire, une joke de Roméo Pérusse ou de Claude Blanchard. Quant au sadisme du personnage-narrateur, on sait que ça existe dans la vie, mais n’y a-t-il pas moyen d’écrire du fantastique aujourd’hui sans incorporer au texte ces soupçons de cadavres broyés ?
L’écriture de Mercier est correcte, quoique malhabile comme celle de tout débutant : Je sais ces choses (p. 30), pattes muettes (du chat) (p. 32). Et personne ne sait donc, chez Carfax, que banlieu s’écrit avec un e à la fin ?
Bien sûr, l’imagerie du chat-noir-synonyme-de-malheur n’est pas neuve. Pas plus que le thème du bourreau subissant le sort réservé à ses victimes, au point de se métamorphoser en l’une de celles-ci. Rien, d’ailleurs, n’est particulièrement original dans cette nouvelle de Luc-André Mercier. Le texte est pourtant intéressant, surtout à partir de la vision nocturne de cette fillette pleurant son chat. Après deux pages plutôt banales et la trop longue description des larmes coulant des yeux bleus, un bon suspense est créé, s’achevant toutefois sur une fin à peu près prévisible. Si Mercier n’innove pas, il a de toute évidence le sens de l’intrigue. [DC]
- Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 98-99.