À propos de cette édition

Éditeur
Yon
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Contes du vieux temps
Pagination
41-45
Lieu
Montréal
Année de parution
1911

Résumé/Sommaire

Deux jeunes frères se rendent chez leur marraine Sophie le soir du 24 décembre. Elle leur raconte des contes et leur lit un extrait d’un livre. Peu après, les membres de la chorale se présentent chez elle pour chanter des cantiques de Noël, la messe de minuit n’ayant pas lieu en raison d’une indisposition du curé. Une chasse-galerie passe dans le ciel de Lanoraie…

Commentaires

Le ton du « conte de Noël » de Louis-Joseph Doucet emprunte celui d’un mémorialiste qui revisite ses souvenirs tout en proposant une modeste chronique de la vie quotidienne d’une époque révolue. L’auteur ne cherche en aucun cas à créer une tension dramatique artificielle ; il s’emploie plutôt à désamorcer tout ce qui pourrait potentiellement susciter la crainte ou la peur devant certains phénomènes surnaturels.

De même, Doucet n’entretient probablement aucune intention de livrer un récit fantastique à ses lecteurs mais le fait est que son texte contient une apparition de la chasse-galerie et un extrait du poème narratif « Le Corbeau » d’Edgar Allan Poe. Le passage, lu par la mère Sophie aux deux garçonnets, est relativement long et constitue un marqueur indéniable du fantastique. Il en est de même de la chasse-galerie dont l’auteur offre ici une version éclair différente de l’original. Les bûcherons qui prennent place ordinairement dans le canot volant sont remplacés par les créatures du diable : loups-garous, bêtes-à-grand-queue, etc.

« Chez la mère Sophie » est composé d’une succession de faits ou de dires à peine esquissés qui tissent l’ordinaire de l’existence. Au nombre de ces événements, il y a l’arrivée d’un nouveau-né. L’auteur rappelle une fable populaire destinée à berner les enfants pour expliquer les naissances. On prétendait que c’étaient les « Sauvages » qui apportaient les bébés dans des paniers. Ce n’est rien de malveillant, le ton étant à l’humour. 

Avec le vent de rectitude politique qui souffle sur notre société, m’est avis qu’aujourd’hui le texte serait décrié et voué à la censure pour cause de manque de respect envers les nations autochtones. Ce serait accorder trop d’importance à une historiette sans qualités littéraires autres que sa « simplesse », pour reprendre le mot de l’auteur qui ne s’illusionne pas sur sa prose. [CJ]